La question qu'il convient aujourd'hui de se poser, en tant que cycliste, cyclo, père ou mère de pratiquant est la suivante: peut-on aujourd'hui boucler une sortie d'entraînement sans se prendre la tête ? Je ne parle évidemment pas de mécanique ou de condition physique... Mon questionnement est lié au partage de la route avec les autres véhicules. Et surtout avec les voitures, camionnettes et camions...
Mardi, jolie sortie dans les Monts d'Arrée sous un soleil splendide qui illumine les feuillages d'automne, "après dissipation des brûmes matinales" selon la formule consacrée. Les bosses de Saint-Herbot sont toujours aussi redoutables mais la montée vers le Roc'h Tredudon se passe à merveille. Le problème, c'est que les routes qui mènent tout là-haut sur le toit de la Bretagne ne sont pas nombreuses et il faut donc reprendre place dans la circulation et redoubler de vigilance. Le calme désertique du Cloître-Pleyben ou de Collorec est, hélas, rapidement oublié.
Première frayeur peu après La Feuillée: un transporteur ne connait visiblement pas la règle du stop et grille la plus élémentaire des priorités. Vous savez, ces petites camionettes blanches qui se basent sur la règle du "je bosse et la route est à moi". Vers Commana, c'est le camion d'une grande entreprise de matériaux de Landivisiau qui veut visiblement jouer aux quilles. Là aussi, certainement sur le thème du "Je travaille, MOI." Chasuble fluo et bon positionnement sur le côté de la route n'y ont rien changé... Et je passe sous silence les trop nombreux automobilistes qui ne connaissent pas encore la règle du 1m50 en nous doublant. Spéciale dédicace, tout de même, à ce véhicule "conduite accompagnée" qui voulait sans doute que je nettoie ses portières droites avec mon cuissard à Saint-Ségal...
Voilà comment, au fil d'une sortie qui se voulait sympa, sur des routes de toute beauté, vous devez régulièrement hurler, gueuler voire même menacer. Mais quand vous réfléchissez, vous tremblez ! En repensant au souffle du camion qui vous met au fossé... En pensant que si vous alliez plus vite en bosse (pas gagné), vous passiez sous la camionette d'un dingue... Mais surtout, en pensant à vos enfants que vous regardez partir à l'entraînement. C'est un peu le complexe de l'Apache... Nous en sommes donc arrivés au point où il nous faut encore reculer vers des contrées plus désertiques pour vivre tranquille. En attendant, la sortie blanche en toute quiétude, ça n'est pas pour demain !
Gurvan Musset
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