Europe et vélo (1)

Que les Bretons se rassurent, nous ne sommes pas seuls au monde sur la planète vélo ! Concrétisant ainsi un vieux projet, je me suis lancé depuis le mois de février, dans un tour d’Europe en famille. Heuuu.... Pas à vélo car la tribu n’aurait pas forcément apprécié de sillonner le vieux continent sur deux roues non motorisées, de la Sicile au Cap Nord : la grève menaçait ! Vous comprenez ainsi mon absence dans ces colonnes...

Du Montenégro à la Lettonie où nous nous trouvons actuellement, en parcourant les routes d’une quinzaine de pays, nous avons pu observer les richesses mais aussi les petits défauts de nos voisins. Pour ma part, j’ai également pris la roue des cyclistes locaux, ce qui me permet aujourd’hui de dresser avec le sourire un bilan aux allures prétentieuses de palmarès. En voici le premier épisode...

Les plus courageuses

La Bora n’est pas une île à moitié paradisiaque du Pacifique mais un vent extrêmement violent qui souffle par exemple sur l’Adriatique. En mars, nous remontions vers le nord de la Croatie et, même pour des armoricains, les conditions météos s’avéraient particulièrement effrayantes ! Sur des routes pour le moins escarpées, entre montagne et mer, la température ne dépassait pas les cinq degrés et le vent dévalant la pente soufflait en rafale à plus de cent kilomètres par heure. Nous étions sur la lune : pas un arbre à l'horizon, uniquement des roches grises et de la poussière... C’est alors que nous avions croisé une équipe féminine qui ne se promenait pas vraiment les mains en haut du guidon : vision totalement incongrue ! En espérant que les efforts consentis en mars sur cette route désertique aient ensuite payé...

Le plus présent

C’est Jean Le Hir et toute son équipe de Léonards. La famille dans son intégralité (même le p’tit dernier !) m’a demandé de ne plus causer de Lanarvily avant le mois de janvier prochain ! En effet, peu importe où nous passions en Europe, il y avait toujours un nom de village ou de ville qui nous reliait à la Mecque bretonne du cyclo-cross... Trévise, Tabor, Coxyde, Munich, Gieten, Saint Wendel... Ces cités ont elles-aussi organisé le mondial de cyclo-cross. En passant, je n’ai pas osé prononcé le nom de Jean Le Hir devant les locaux. Pensez donc : c’est un coup à se retrouver dix minutes plus tard à l’apéro chez un fan de cyclo-cross qui garde un souvenir ému du passage de la smala de Lanarvily !

Les plus exemplaires

Sans conteste les cyclos irlandais... Nous sommes dans le nord ouest de la plus belle des îles du Monde : ici, au nord du Connemara, la route qui serpente au coeur du Mayo entre Westport et Achill Island est tout simplement somptueuse. Pour les fans de vélo, tout est prévu : la Greenway, la route verte est une ancienne voie ferrée qui a été transformé en piste cyclable. Selon les locaux, le fait que le premier ministre soit voisin et fan de vélo a considérablement aidé... Ce jour-là, je teste la route entre Achill et Mulranny, dans un vent à décorner les moutons qui pullulent ! Je croise un groupe de cyclos qui, vêtus de maillots jaunes et verts du Tour de France tentent de progresser vers l’ouest. Le soir, je trouve les gaillards : à 19h passées, toujours en tenue, ils sont attablés au pub et la table n’est plus assez grande pour les pintes de Guinness, vides et pleines, et pour les gras emballages de «fish & chips». Et le lendemain, dans leurs maillots de leader, encore un peu plus à l'étroit, ils poursuivront leur route vers la pointe de l’île et ses redoutables bosses : trop forts !

A suivre...

Gurvan Musset