Warren, il y a trois jours, vous étiez tout près de l’abandon. Aujourd’hui vous gagner une étape de la Vuelta, comment vivez-vous ces émotions ?
« Je suis passé du cauchemar au bonheur. Mardi, je n’ai pas eu de chance sur la chute, pendant le parcours neutralisé, j’étais tombé sans faire d’erreur. Ensuite, j’ai su me remettre en question, ne pas baisser les bras, de toute façon je ne baisse jamais les bras. Et je suis récompensé aujourd’hui. »
Comment s’est passé le final de cette étape ?
« Dans le final, j’ai compté combien de coureurs nous étions. Nous étions 10 et il n’était pas question que je termine 10e. Il y a quelqu’un dans l’équipe qui est chargé de filmer les cinq derniers kilomètres des étapes et ce matin en prévision d’un possible sprint, nous avons bien étudié le parcours. Je savais qu’il y avait un virage dangereux à 2,5 km de l’arrivée puis un final en faux-plat montant avec une côte à 10% sur 500 mètres. J’aurais pu attendre le sprint mais j’ai attaqué au moment où tout le monde avait besoin de se reposer, de souffler. C’était ce qu’il fallait faire. On avait tous bien mal aux jambes et j’imaginais que tout le monde allait se regarder. Et il n’y avait plus d’équipier pour relancer… »
Etait-ce l’objectif de gagner une étape de la Vuelta ?
« En Galice, je ne pensais pas à gagner une étape, j’avais la satisfaction d’y être. Le premier but était la terminer. La victoire, c’est un gros plus mais j’espère vraiment voir Madrid. Au départ de la Vuelta, je n’étais pas là pour faire un top 20. J’ai été déçu de ma chute mardi, parce que j’étais 19e et que j’ai dû tirer un trait sur le classement général mais le lendemain, mon directeur sportif m’a dit : ‘’eh Warren, on avait dit jour par jour... Tu verras la Vuelta n’est pas finie’’. Il avait raison, elle n’était pas finie. »
Imaginez-vous ce que cette victoire va provoquer, on va dire que c’est la naissance d’un champion ?
« Je ne sais pas si c’est la naissance d’un champion. C’est du travail, du sacrifice et du bonheur. Aujourd’hui je pense à mon grand père (décédé pendant l’été), j’y pense tous les jours sur mon vélo et je lui dédie ma victoire. »
C’est votre première année professionnelle, savez-vous déjà un peu quel type de coureur vous pouvez être ?
« Je peux grimper. J’effectue mes débuts professionnels, c’est une année de découverte. J’ai la chance d’avoir la confiance d’Argos Shimano. Mon rêve est de gagner une étape du Tour de France, c’est le rêve de tout coureur mais je dois dire que gagner une étape de la Vuelta à ma première année pro, c’est quand même très bien. Dans le peloton, on a tous le vélo dans le sang, mais il faut une part de chance. J’ai le bon feeling pour courir. Dans cette étape, il y a eu de la course toute la journée et j’ai senti que cette échappée-là était la bonne. Je n’ai pas hésité. Dans mon équipe, je suis un peu électron libre mais j’ai été protégé dans les étapes difficiles. J’espère devenir un leader, il faut avoir les épaules. Il ne suffit pas de dire je suis leader, il faut supporter la pression. Et ce n’est pas facile. »
Vous êtes présélectionné en équipe de France, sans doute cette victoire vous offre-t-elle un ticket pour Florence ?
« Je vais d’abord terminer mon premier grand tour. La sélection se fera le soir de l’étape de l’Angliru (14 septembre). Si je suis fatigué, je ne vais pas mentir à Bernard Bourreau. Si je ne suis pas bien, je lui dirais. Si je suis bien, je serai très heureux d’aller à Florence. Bernard Bourreau, c’est la bonne personne que l’équipe de France pouvait choisir. Il nous connaît tous. Il veut faire un groupe, pas une équipe d’individualités. »
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