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          • Warren Barguil avait un sourire éclatant dimanche soir au moment de rencontrer les journalistes. En devenant champion de France, il a mis un terme à une longue période de doutes. Il est redevenu lui-même. Il en parle bien, pour lui et pour le plus grand bonheur de son équipe Arkéa-Samsic, c’est un nouveau très beau cycle qui commence.
          • Warren Barguil : " Ce maillot, c'est de la passion"

          • Warren, que signifie ce titre de champion de France  pour vous ?
            « Je pense aux gens qui m’ont tendu la main durant cette période difficile et qui sont positifs avec moi, les gens négatifs, je les laisse de côté. Oui, des gens qui te tendent la main quand tu es au fond du seau et qui t’aident à trouver des solutions, c’est important et je les remercie beaucoup. Je n’éprouve pas un sentiment de revanche, je pense qu’il y a des cycles dans le vélo. Je ne suis pas surhumain. Je sors d’une période pas facile mais ce n’est pas une revanche. J’ai toujours eu ces jambes-là, il me fallait les retrouver et le mental aussi parce qu’il pêchait. Je suis content de moi. »

             

            Vous avez connu des moments difficiles ?
            « J’ai douté. Ça n’a pas été facile, j’ai voulu arrêter le vélo à un moment donné mais ma femme me soutient beaucoup et finalement je n’ai rien lâché. Je pense que la vie est ainsi, il y a des moments difficiles et de très bons moments et je comprends qu’il ne faut rien lâcher dans la vie. Je remercie ma femme, ma famille, mon équipe et tous ceux qui m’ont tendu la main pendant cette traversée du désert. Je me suis dit aussi que si j’arrêtais le vélo, cette décision je pouvais fort bien la regretter dans une semaine et toute ma vie. »

             

            Vous avez coutume de dire que le vélo n’est pas toute votre vie ?
            « Je fais du vélo par plaisir, je n’ai jamais voulu être professionnel, ce n’était pas mon but et le plaisir, c’est ce qui rythme ma vie. Quand je ne prends pas de plaisir, je ne vois pas pourquoi je continuerai. Je commençais à ne plus en prendre et c’est pour ça que j’ai beaucoup douté. Je ne fais pas du vélo pour faire de l’argent ou pour justifier un salaire. Je ne le fais pas passion, j’adore rouler avec mes copains, j’adore rouler en peloton. Je me dis que si cette passion de courir ne m’anime plus et que je doive subir des choses négatives, et bien j’arrête et je vais vendre des automobiles parce que ça, j’en rêve depuis que je suis tout petit. Je sais aussi que les critiques forgent la vie, le noir il ne faut pas l’oublier, il faut y penser et en tenir compte. Je suis tenace et j’ai du mental mais plein de paramètres sont entrés en jeu. J’ai changé d’équipe et j’ai changé d’entraîneur, ce n’est jamais facile. Il a fallu prendre mon rythme. Après la saison 2017, j’avais éprouvé le besoin de souffler, je me suis marié, j’ai profité de ma vie qui n’est pas que le vélo. J’ai pris de belles vacances mais je me suis ensuite brûlé les ailes à vouloir revenir trop vite. Au début de cette saison, j’étais bien mais je n’ai pas eu de chance, je tombe deux fois lourdement. Ça y est, il y a de bonnes nouvelles, je vais être papa et je suis champion de France. »

            Ce titre est-il une délivrance ?
            « Je pense à moi ce soir, à moi et à mon équipe. On savait que c’était un circuit dur et que le scénario d’un championnat ouvre des portes. A Vendôme, il y a dix ans, j’ai été échappé dès le départ, un gros groupe est revenu et je suis sorti seul à 10 kilomètres de l’arrivée. Je suis champion de France junior. Quand on l’a été, on espère toujours même sur un circuit soi-disant roulant pouvoir l’être encore. »

            Dans le bon déroulement de l’échappée, votre équipe a fait un énorme travail ?
            « Quand l’échappée s’est faite, on rentre à quatre ou cinq, je suis avec Madouas et Martin. Ça roulait fort. Je me suis dit que si ça se posait derrière et qu’on arrive à prendre trois minutes, ce sera dur pour le peloton sur un circuit aussi usant. L’écart important, c’était la clé. Toute l’équipe a fait un super boulot. Florian Vachon, notre capitaine de route, m’a calmé deux ou trois fois, je l’en remercie. Quand je suis devant, je n’aime pas rester derrière, je trouve ça inutile. Des coureurs ont un peu abusé du principe. Je passais très souvent devant mais je voulais simplement animer l’échappée. A un moment, j’ai cru que ça n’allait pas le faire parce que beaucoup de coureurs ne prenaient plus de relais. Tout le monde était à bloc aussi. »

             

            Que s’est-il passé quand vous  avez attaqué à deux kilomètres de l’arrivée, vous avez été victime de crampes ?
            « Je n’ai pas crampé mais j’avais les jambes bien dures et je voyais que Valentin Madouas revenait. Je me suis dit que ça ne servait à rien de rester cinq mètres devant lui. Je me suis relevé et j’ai attendu. Il restait deux Cofidis pour le sprint, il y en a forcément un qui allait lancer l’autre. Damien Touzé a fait le boulot pour Simon. Tulik a lancé, je prends de la vitesse, je les remonte un par un et je me dis que ce n’est pas possible. J’ai attendu le dernier moment pour faire mon sprint. Jusque la ligne d’arrivée, il n’y avait rien d’acquis. Guillaume Martin a fait une belle attaque dans le dernier kilomètre et ça n’a pas suffi. Avant, j’avais déjà fait l’effort de revenir sur Valentin Madouas, je n’ai rien demandé à personne. Je me sentais fort. J’ai beaucoup travaillé sur la distance pour être performant aujourd’hui. La distance fait beaucoup dans un championnat, si ç’avait été 200 kilomètres, on n’aurait pas eu le même scénario. Je ne gagne pas souvent, je ne suis pas un gagneur soi-disant mais quand je gagne, ce sont de belles courses. Je suis fier de moi."

             

            Imaginez-vous disputer le Tour de France avec ce maillot bleu-blanc-rouge ?
            « Aujourd’hui, je vais faire une sortie de récupération avec le maillot. Je suis super fier, j’ai du mal à réaliser que je vais avoir dans le Tour un maillot bleu-blanc-rouge et un vélo de champion de France. C’est incroyable. Mon objectif sera de chasser des étapes mais plus intelligemment que l’an dernier où j’en ai trop laissé sur la route. Je vais essayer d’être plus malin et de ne pas trop en faire. Ce maillot n’est pas de la pression, c’est de la passion. La pression je me la mets à l’entraînement pour être performant et pour me dire que j’arrive au départ du Tour en ayant tout fait. »
             

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