Un mauvais tour à la Walko

Le vainqueur du Tour de France 1956 allait sur ses 90 printemps... Roger Walkowiak est décédé ce mardi matin à l'âge de 89 ans. Le doyen des lauréats du Tour était né à Montluçon. "Un Tour à la Walkowiak", voilà une formule un peu dure qui ne plait guère aux supporters de walko et on peut le comprendre. Elle désigne un Tour gagné par un coureur de seconde zone, un outsider, ou une grande boucle remportée pratiquement par hasard. En lisant les lignes ci-dessous, vous comprendrez que Walko n'a certainement pas volé sa victoire en 56.

 

Les fans bretons de cyclisme avaient surtout retenu que le sympathique coureur à gueule d'ange avait stoppé la merveilleuse série des victoires de Louison Bobet. En 1956, après les trois succès consécutifs du mitron de St Méen (1953, 1954, 1955) et avant la montée en puissance du Roi Jacques Anquetil dès 1957, Walkowiak avait déjoué les pronostics. Bobet, Anquetil, Coppi, Koblet et Kübler étaient absents mais sur la ligne, on observait quand même la présence de Charly Gaul, Raphaël Géminiani, Stan Ockers ou encore de Federico Bahamontes.

Lors de ce Tour 56 qui fit étape à St Malo (victoire de Job Morvan) et à Lorient, Walkowiak fut été omniprésent dès le premier jour. Ainsi, à l'arrivée à Lorient, Walko était quinzième et il remontait à la 5e place au général. Pour la petite histoire, un passage à niveau situé près de la Vicomté-sur-Rance avait stoppé et retardé le peloton...

Mais c'est le lendemain que l'équipe de France du maillot jaune Darrigade perdit la partie... Entre Lorient et Angers, une échappée se détachait à la sortie du Morbihan. Un contre comprenant Walkowiak revenait sur l'échappée. Esseulés, les bleus lâchaient prise et l'échappée terminait à Angers avec près de 19' d'avance ! Roger Walkowiak enfilait le maillot jaune; il le perdit à Bordeaux mais les étapes suivantes en montagne démontrèrent que Walko n'était pas là par hasard !

Après de bons Pyrénées, place aux Alpes. À Turin, deux jours après le succès de Jo Thomin à Aix, Walkowiak était cinquième de l'étape et remontait à la seconde place du classement général à 4'27 s de Wout Wagtmans. Le lendemain, lors de la grande étape de montagne entre Turin et Grenoble, Roger Walkowiak attaquait avant d'être repris par Charly Gaul, puis par Stan Ockers. Malgré une petite défaillance en fin d'étape, l'ancien tourneur reprenait le maillot jaune abandonné à Bordeaux.

Mais le Tour n'était pas fini... Entre Grenoble et Saint-Étienne, Walkowiak tombait puis crevait; Gilbert Bauvin, second au classement général, s'en allait et Walkowiak se retrouvait tout seul. Finalement, ce bon descendeur revenait sur Bauvin et sauvait donc son maillot. Ce n'est pas le CLM du lendemain et les deux dernières étapes qui changèrent la donne. Walko remportait un très joli Tour de France avec 1'25 d'avance !

GM