Un ancien élu nous écrit...

Suite à l'assemblée générale du Comité de Bretagne, à l'issue de quelques semaines agitées, après des messages plutôt virulents, nous avons reçu le mail de David Geffroy. Ce jeune coureur trégorois représentait les pratiquants au sein du comité régional et son message ne manque pas d'intérêt ! Qu'il nous permette de clore le débat et surtout qu'il inspire les nouveaux élus !

Le mail de David Geffroy

Je vous écris en réaction à votre billet pour essayer de vous donner un point de jeune et avec une vue particulière du comité. J’ai fait partie du comité pendant 2 ans à un poste réservé pour un jeune, dont personne ne voulait. J'étais membre du comité sans vraiment y être puisque je n’ai pas eu de temps pour réellement m’impliquer. Mais cela m’a permis de voir de l’intérieur le fonctionnement, tout en possédant un regard extérieur. Autant que possible, j’ai tenté de faire des "remarques de jeune" lors des réunions. Je me permets de vous donner mon impression sur cette expérience :

En discutant avec certains membres, j’avais vraiment l’impression qu’il y avait de l’envie pour faire des choses mais qu’ils se sentaient bridés. Au sein du comité, il existait vraiment certaines personnes avec une véritable vision du cyclisme de demain mais qui n’arrivaient pas à se faire entendre. Il y avait probablement un problème de communication de la part du bureau exécutif. Certains diront que c’était volontaire, je n’en suis pas totalement certain. J’avais l’impression que c’était plus par un manque de conscience de l’importance de la communication interne. 

Dans un premier temps j’ai été étonné de ne pas voir qu’il y ait une vision du cyclisme de demain. On était plutôt dans la gestion et la résolution de problèmes au cas par cas. Si le comité avançait quelque part, c’était poussé par la fédération. C’est le côté rassurant pour le cyclisme, je ressentais qu’à la présidence de la fédération, il y a vraiment un capitaine qui souhaite amener le cyclisme quelque part.

Dans le cyclisme, il y a un certain narcissisme. La démarche de se demander ce qui se passait dans les autres comités, pour voir ce qui se faisait, était bonne. Cependant, dans le cyclisme on oublie aussi d’aller voir ce qui se fait dans les autres sports. Quant aux chiffres… Je me suis toujours étonné de les voir plus ou moins bon par rapport au constat sur les courses, où l’on voit de moins en moins de monde. En ce qui concerne le dopage, j’ai l’impression que ce problème n’était considéré à la hauteur du problème qu’il est. Dans le cyclisme, on a du mal à s’avouer que l’on n’est pas les meilleurs et à reconnaître ses faiblesses. C’est d’ailleurs pour ça qu’il devait être difficile de reconnaître officiellement la qualité de Sport Breizh…

La place du sport dans la société et du cyclisme ont beaucoup évolué cette dernière décennie. Certaines remarques comme « les coureurs courent pour l’argent » alors qu’il n’y plus d’argent dans le cyclisme ou « les filles sur le vélo, ça intéresse personne » sont des discours dépassés. Aujourd’hui, le cyclisme de compétition doit se réinventer pour garder sa place dans la société, à mon avis, certaines personnes ne s’en rendaient pas compte.

Dans tous les cas, toutes les personnes du comité sont toutes véritablement passionnées par le cyclisme et je crois qu’au vu de l’engagement que cela demande on ne peut pas en douter. Le président sortant a été critiqué sur sa « politique » mais je ne remets en doute son engagement. Lors de la difficile décision (que je soutenais) de refuser la course d’Hennebont face au Ponthou suite à un malheureux quiproquo entre des dates, le président se disait prêt à rembourser lui-même une partie des frais engagés.

Selon moi, pour la prochaine équipe, la première chose à faire est de réfléchir à la place que doit occuper le sport de compétition dans la société en 2020 ? Seulement après on parlera de cyclisme et ses spécificités…

Pour cela, à mon avis, il faut commencer à ne pas trop écouter ceux qui "baignent" trop dans le cyclisme et qui n’ont pas su lever la tête pour remarquer que, depuis 15 ans, le cyclisme et sa place dans la société ont évolué car elle va évoluer encore plus vite ces prochaines années. Changer l’image d’un sport est réalisable. L’exemple le plus concret est le rugby. Le jour, où ils ont réussi à passer d’une image de brutes à celle de gentlemen, les licences et les demandes de sponsors ont décollé…

Bonne chance à la nouvelle équipe.

David GEFFROY