Cheveux blonds bordant un sourire hautement assumé, regard vif et posture sereine. Ce jour-là, il est 18h quand, l’allure décontractée, l’ancienne championne de France Juniors Typhaine Laurance, nous apparait. Soucieuse de bien faire et après quelques minutes de réflexion, elle réfléchit et se lance. Rencontre...
Typhaine, pour commencer pouvez-vous nous parler de votre saison 2019 ?
Ma saison 2019 s’est plutôt bien passée, je suis revenue à un niveau que j’ai pu avoir dans les catégories juniors. Avec quand même de la progression malgré tout car ce fut trois années difficiles après mon titre de championne de France juniors en 2015. Je ne savais plus trop où j’en étais et c’est vrai que pour cette saison 2019 je suis repartie sur de nouvelles bases avec un nouveau club, celui de Loudéac, et un beau projet pour les féminines. Donc, tout cela m’a aussi poussé à faire mieux et les autres filles étaient plus jeunes donc j’avais envie d’avoir le bon rôle et de donner l’exemple. Mais 2019, ça a été aussi un nouvel entraineur et un nouveau DS dans la Breizh Ladies. L’envie de refaire du vélo et de refaire du sport de haut niveau faisaient leur retour. J’ai ainsi pu gagner une Coupe de France en chrono par équipes mais aussi, en individuel, faire mon premier podium en coupe de France. Dans le même temps j’ai retrouvé l’équipe de France sur le Tour de Belgique et le BeNe Ladies tour.
Vous nous disiez que trois années plus compliquées avaient passé. Avec une remise en question ou des moments de doute ?
Oui c’est vrai que quand on est championne de France juniors, en junior première année, tout le monde parle de nous et les gens nous attendent. A ce moment-là, il y a mon petit frère qui arrive aussi au vélo et qui fait de beaux résultats. Et puis la famille Laurance en Bretagne est connue dans le milieu du cyclisme. Quand tu es championne de France, les gens pensent que dans les années futures, tu vas passer pro. On est jugé et pointé du doigt quand on a un mauvais résultat. Et j’ai eu du mal à l’accepter alors que je venais de réaliser mon rêve en devenant championne de France, seulement après quatre années de vélo. A ce moment, je me suis retrouvée à me dire : quels sont mes prochains objectifs ? C’était compliqué de se relancer, je n’étais pas bien mentalement et ça s’est répercuté sur le plan physique forcément. On n’est pas bien en course : on reprend une claque. C’était très compliqué mais j’ai su me remettre en question et surtout ne pas lâcher car le vélo c’est ce que j’aime. C’est sûr que le fait d’avoir persisté m’a permis de retrouver mon niveau. La récompense, c’est de passer aujourd’hui au niveau au-dessus.
Penser à arrêter... Vous avez éprouvé ce sentiment ?
Oui et pas qu’une fois ! Mais je l’imaginais et je me disais « si tu arrêtes, qu’est-ce que ça sera ta vie ? », ça sera juste aller à l’école, rentrer et dormir. Alors qu’en tant que sportif de haut niveau on a la chance de voyager, de rencontrer de nouvelles personnes, ça forge un caractère. Je ne me voyais mal tout arrêter et dire au revoir à ma vie à deux mille à l’heure.
Cette envie de changer d’équipe, quand est-elle survenue ?
Je me suis posée la question en fin d’année. Voilà cinq années déjà que j’étais à la Breizh Ladies, cinq ans que je suis dans la DN de Bretagne qui évolue seulement en DN avec quelques courses internationales comme Plumelec ou le Tour de Bretagne auquel nous avons eu la chance de participer. Mais ce n’est pas non plus une équipe qui fait beaucoup de courses internationales et je commençais à être dans une routine et à me dire que je n’avais plus envie de continuer si c’était pour faire pareil. A un moment, c’est toujours les mêmes courses régionales chez les filles et malheureusement ça ne roule pas beaucoup. Je m’ennuyais et j’avais envie de voir autre chose. Donc cette saison, en voyant que je revenais et que j’arrivais à faire des résultats sur les coupes de France, qu’en équipe de France j’étais là, c’est vrai que ça me titillais mais il fallait trouver l’équipe car ce n’est pas simple en France. L’année passée, la Charente avait déjà son effectif, et je n’y avais pas pensé concrètement car je n’avais pas la prétention d’intégrer l’équipe au vu de mon niveau.
Alors, comment s’est prise cette décision d’intégrer l’équipe féminine d’Arkea ?
Ça s’est fait un peu au dernier moment, notamment sous les conseils d’Audrey Cordon qui, au tour de Belgique, m’a dit « mais fonce, va voir au niveau supérieur tu n’auras rien à perdre ! ». Donc je me suis permise de contacter Gabrielle Rimasson la manager d’Arkea. Je me doutais qu’il restait des places dans l’effectif. J’y ai été au culot, le contact est bien passé. Elle m’a rappelé en me disant qu’ils étaient partant et c’était fait !
Les gens ne savaient pas que vous aviez envie de passer "au niveau au-dessus" donc ils ne vous attendaient pas ici ?
C’est sûr que je ne l’ai pas ouvertement dit, j’en parlais uniquement dans la sphère privée. C’est pour ça que je me suis permis de les contacter. J’estime que j’ai atteint la maturité pour justifier et exprimer mes choix.
Qu’est-ce qui vous plait dans le projet d’Arkea ?
Tout d’abord, c’est une équipe UCI et puis c’est aussi l’occasion de voir autre chose. J’ai passé cinq ans dans une équipe et c’est long même si je m’y plaisais beaucoup et que ça se passait très bien avec les filles, les encadrants et le comité de Bretagne. Mais il faut des fois aller voir ailleurs. Je vais aussi retrouver Gladys et Lucie qui sont des copines en dehors du vélo. Mais surtout, c’est une équipe UCI qui reste en Bretagne et c’était important pour moi.
Les objectifs pour la saison prochaine ?
Ça va être un niveau supérieur donc l’objectif, au début, sera de découvrir pour pouvoir ensuite se positionner et progresser. Si j’ai le niveau, il s’agira de cibler des courses. Au début, ça sera surtout un travail de coéquipière et j’adore ça, aider les autres donc on verra bien. Je sais que j’ai le niveau comme j’ai pu participer à certaines courses avec l’équipe de France. Seulement là, ce sera forcément plus dur car il faudra enchainer tous les week-ends.
Votre frère, Axel entre en DN1 à Loudéac et vous en équipe UCI: on imagine que ça va être une année assez spéciale pour la famille Laurance !
Oui, déjà ça fait super plaisir pour mon frère. Vue sa saison... On ne le dira jamais assez mais il a cassé sa cheville sur Paris-Roubaix et il a eu beaucoup de malchance. Je pense que la majorité des gens connaissaient son petit parcours en 2019 et le fait d’être récompensé par ses belles victoires et d’intégrer une DN1, c’est déjà un beau projet pour lui. Et puis moi qui passe pro c’est quand même incroyable. On va pouvoir se soutenir comme on le fait depuis nos débuts pour justement progresser encore, et se soutenir mentalement. Une belle année en perspective…
ITW de Fanny Abiven
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