Je traversais Le Folgoët à vélo mardi dernier et, instinctivement, je jetais un œil en direction de l’esplanade des pardons tant l’épisode de la semaine passée m’avait marqué. Et alors, là ! Non, non, je vous rassure tout de suite ! L’Ami Dédé Kerriou se trouvait certes au même endroit que l’autre jour mais il ne chantait pas cette fois et le sérieux inhabituel chez cet homme ordinairement si jovial m’interpellait grandement. Reconnaissant les trois personnes qui accompagnaient notre organisateur hors pair, je m’approchais, sourire aux lèvres, en retirant mes lunettes de soleil.
« Oh ! Alain ! » S’exclama Bernard Tanguy, le premier magistrat du Folgoët, alias Marathonman (3 participations aux 50 kms de Ploudalmézeau, s’il vous plaît !). « Vous avez peut-être constaté nos mines un peu renfrognées à quelques jours du départ de la 1ère étape du TPLCL en direction de Ploudaniel. Figurez-vous qu’en ces mêmes lieux, voici peu, une vieille dame avait aperçu un couple qui se permettait, en pleine journée, de chanter à tue-tête « Patronnez dous Ar Folgoad ». Je mène donc ma petite enquête pour retrouver ces sacrés farceurs ».
« Ce sont sûrement des jeunes ! » Assénais-je avec aplomb.
« Pas du tout, mon garçon ! » Répliqua l’affable Joël Marchadour, Maire de Ploudaniel et Président de la Communauté des Communes du Pays de Lesneven et de la Côte des Légendes « Selon la personne âgée », précisa Joël, « Ces joyeux drilles auraient dépassé la soixantaine, l’homme avait une carrure de rugbyman, les abdominaux un peu saillants, des yeux d’un bleu limpide, et la femme était coiffée d’une casquette à la Gavroche ». « Ils avaient sans doute un peu bu » rajouta le placide Jean-Yves Le Goff, le maire-écrivain de la Cité du Comte Even (Lisez donc son dernier ouvrage « Lesneven de A à Z », un régal !). J’esquissais un regard en coin vers l’Ami Dédé qui ne pipait mot, fixant ses chaussures avec obstination et je décidais sur-le-champ de lui venir en aide.
« Voyons, Dédé, que vous arrive-t-il ? Je vous sens absent des débats, je m’apprêtais pourtant à vous offrir une gerbe de fleurs autres que celles de pommes de terre qui ornent l’écusson de Ploudaniel. J’aurais même aimé déposer sur votre auguste tête une réplique de la mitre de Saint-Eloi que l’on retrouve aussi sur cet emblème. Au fait, pour faire diversion, Saint-Eloi était le Protecteur des… ? ». Les membres du quatuor restèrent bouche bée car ils entendirent comme moi, venant de la direction de Guissény, un hurlement qui nous fit sursauter « Chevaux, milhast, gast, trop fastoche ta question, Lannig ».
C’était la voix tonitruante de l’Ami Yvon, l’hercule de Kerderch, l’homme qui parle à l’oreille des…chevaux. « J’ai étudié avec beaucoup d’attention, mon cher Dédé, les étapes en ligne du samedi et du dimanche et certains endroits tortueux riment avec difficultueux, vous n’en disconviendrez certes pas. Il fallait la dénicher la côte du Zéas le premier jour et que dire le lendemain pour votre trouvaille que j’appellerai volontiers « Le piège à Kerriou ». En effet, la longue montée du Vougot sera suivie aussitôt, au lieu-dit Kermaro, d’une descente acrobatique et technique qui précèdera, après un virage à angle droit, la terrible grimpette de Guibidic ! Là, vous n’avez pas eu la pédale douce, Dédé, le peloton va voler en éclats, me tromperai-je ? ».
Le Patron du TPLCL me fixa de ses yeux plus bleus que la Mer d’Iroise (Tiens, tiens !) pour déclarer « C’est un fait, mon garçon, que j’ai, à la demande de plusieurs coursiers, un peu durci les étapes en ligne pour diminuer l’influence du contre-la-montre par équipes. Ah ! J’entends déjà certains grimpeurs ailés chanter en haut de Guibidic « Merci, Dédé ! Merci Dédé ! Merci ! » Alors que certains favoris, piégés au bas de la bosse, me voueront aux gémonies en pédalant comme des forcenés pour tenter de revenir. Les favoris, justement, parlons-en ! Le néo briochin Vincent Guégo, vainqueur sortant, sera à surveiller de près, à l’instar des scaërois Matthieu Jeannes et Frédéric Guillemot, de Yann Rault (VC Quintin) ou encore de Kevin Le Sellier (VC Saint-Lô). Je n’oublierai certes pas le costarmoricain Gaël Le Bellec ni Fabien Le Coguic, François Lançon et Christophe Balannec (BIC 2000). Je citerai aussi Benoit Jouanigot et Lionel Béret (Leucémie Espoir Quimper), le pugnace Erwan Goasguen (EC Landerneau), le combatif Gwénaël Simon (Hennebont Cyclisme) et, bien sûr, Erwan Marjot, le rouleau compresseur du VCP Loudéac. Les coureurs du VC Eudois et Breslois ne sont pas des brèles, permettez-moi l’expression, et Florent Guignon aura son mot à dire, tout comme « La torpille ligérienne » Charlie Milot (UC Nantes Atlantique), déjà vainqueur cette année. Enfin, comment ne pas nommer, face à cette magnifique basilique, l’excellent Julien Leprêtre (TCP Dinan) qui, son nom l’y prédestine, chantera, j’en suis sûr, sur la ligne de départ samedi le cantique qui m’est si cher « Patronez dous ar Folgoad… ». « Chut ! » lui soufflais-je « Vous allez vous faire griller, Bernard est tout ouïe ! ».
Ah ! Sacré Dédé ! En plagiant la devise de Ploudaniel, on pourrait dire « Kerriou prest bepred » (Kerriou toujours prêt) avec sa merveilleuse équipe des Amis du Vélo sans cesse au diapason. Un beau week-end en perspective !
Alain Podeur fan du TPLCL
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