L’ami Raymond m’avait-il vu arriver là-bas dans le dernier virage, pédalant comme un forcené vers son accueillante maison de Guissény ? Toujours est-il qu’à mon approche, un chant un tantinet gaillard retentit soudain « Brignogan, quel sacré bourg/y a des filles aux très beaux atours/il y en a des petites et des grandes/les jeunes gars de Plouider les trouvent bien charmantes ». En me voyant pénétrer dans sa cour, Roudous, ou Raymond si vous préférez, s’arrêta net, au grand désappointement de son nombreux public : ses deux chiens de chasse Tarzan et Fricotin, sa chatte Mistinguette, les vingt pensionnaires de sa volière et, bien entendu, son pote Yvon, l’Hercule de Kerderch.
Pour me faire pardonner et réchauffer l’ambiance, je lançais « Bravo l’artiste ! Mes conseils de la semaine dernière n’auront pas été vains car vous avez cité avec à-propos les communes de Plouider et de Brignogan, points de départ et d’arrivée de la première étape du TPLCL. Je n’ai rien contre Santander et Copenhague, divines paroles des Roses d’Ouessant, mais c’est un peu loin, ne trouvez-vous pas ? ».
« Surtout pour Lannig bihan (petit Alain) sur son vélo », pouffa Yvon sous le regard réprobateur de Roudous.
« Au fait », continuais-je « Saviez-vous tous les deux que cette coquette station balnéaire, sise entre Plounéour et Kerlouan, connut un essor si fulgurant avec l’arrivée du chemin de fer en 1904 qu’elle acquit son indépendance en 1934, au grand dam de sa commune-mère de Plounéour-Trez ? Et j’ajouterai que, pour mettre en valeur sa vocation touristique, cet ancien hameau prit le nom de Brignogan-Plages en 1936 ».
« Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le …TPLCL », fredonna Roudous en guise de réponse.
« Je croyais que c’était sur le …zizi !! », pouffa à nouveau Yvon en tirant sur sa clope avec insistance.
Après avoir distribué à mes deux camarades la liste des engagés, je poursuivais, un brin emphatique « Membres ô combien influents de l’équipe à Dédé Kerriou, organisateur hors pair de cette épreuve à la notoriété sans cesse grandissante, vous qui êtes si au courant des choses du cyclisme, une seule question les gars, vos favoris ? ».
Yvon, cet amoureux inconditionnel des chevaux, fut le premier à réagir « Dans ces vingt équipes de six coureurs chacune, j’ai pointé en tête, milhast gast, Sylvain Cheval du BIC 2000, c’est un pur-sang celui-là et le jeune Maxime Menez, du même club, n’est pas mal non plus. Et il ne faudrait peut-être pas oublier Jean-Philippe Mahéau et Vincent Hénaff du Team U Nantes Atlantique. Gast ! Vous avez vu le trio d’enfer du Leucémie Espoir Quimper ? Benoît Jouanigot, battu pour trois secondes l’an dernier, sera revanchard et Lionel Beret, chapeau à celui-là toujours placé à chaque course, et l’épatant Neil Canevet lui seront d’un précieux secours. Ho ! Ho ! Regardez, les mecs », s’extasia Yvon en agitant sa liste sous notre nez « Les Lanestériens Warren Barguil et Yann Rault seront présents ainsi qu’Olivier Le Gac du VS Plabennec, pff !!! Ces trois-là auront la pancarte, c’est sûr ! Les locaux Erwan Guianvarch et Gwénaël Simon, sous la casaque (on ne le refera pas, notre Yvon !) d’Hennebont Cyclisme, vont retrouver ici leurs routes d’entrainement. Et attention aussi, gast, à Régis Geffroy et William Le Corre (Côtes d’Armor-Marie Morin) ».
« Votre analyse, Yvon, est tout à fait pertinente avec un Cheval dans votre tiercé gagnant », riposta Roudous « Mais vous avez oublié, nom d’un chien (Tarzan et Fricotin se dressèrent d’un bond) Frédéric Le Marrec et Taruia Krainer (UC Briochine), Stéphane Bourgougnon (AC Brévinois) et les talentueux coursiers du Pôle Espoirs d’Ile-de-France Alexandre Billon et Alliaume Leblond, la coqueluche du Vicomte de Lanarvily. Je crois aussi, dur comme fer, dans cette guerre sportive, à la percée d’Avranches avec les expérimentés Cyrille Noël et Guillaume Auger, fers de lance de ce club Bas-Normand. J’ai coché, enfin, Tony Brisset de l’AC Octeville, Alastair Carr et Romain Marchand de l’EC Pays de Dinan et, pour les victoires d’étapes en cas de sprint massif, Fabrice Le Donge (VS Plabennec), Anthony Leroux (VSP Lamballe), Grégoire Le Calvé (Hennebont Cyclisme), voire Arnaud Le Jan (ACL Compétition) ».
« N’oubliez pas le CC Plancoët ! », repris-je avec fougue « Rappelez-vous ces noms : Guillaume Hervé, Jérôme Frémin et encore Erwan Perrin. Je vous signale que le contre-la-montre par équipes du dimanche matin revêt bien souvent une importance primordiale et l’homogénéité des six membres de ce sympathique club costarmoricain jouera en leur faveur, c’est du moins ma profonde conviction, et j’attends avec hâte cette matinée dominicale ».
« Tout en reconnaissant la grande valeur de ces coursiers, je crains de votre part, mon cher Alain, un chauvinisme outrancier », répliqua Roudous, appuyé par un Yvon hochant la tête « Nous ne sommes plus en 2006 quand vous chantiez les bras en croix, à la manière de l’Evangile selon Saint-André (Kerriou) : Et j’suis parti/à nouveau signaleur tout en bas de Lancelin/pour la course contre-la-montre du dimanche matin/et j’n’ai encouragé, c’est sans doute un peu bête/uniquement les coureurs de l’équipe de Plancoët… ».
Avec un plateau aussi exceptionnel, des lieux d’arrivée aux noms prestigieux (Avenues Général De Gaulle et Robert Schuman), des élus aux anges tant à Plouider qu’à Brignogan-Plages et Lesneven, le Président André Kerriou et sa formidable équipe des Amis du Vélo peuvent être fiers, la 13ème édition du TPLCL promet d’être belle, elle le sera.
Alain Podeur fan du TPLCL
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