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          • Années 50 : le cadet des frères Groussard a passé trois saisons sous le maillot de l’AC Boulogne-Billancourt entre 1957 et 1959, le temps d’un service militaire de 28 mois. Malgré une grande classique parisienne inscrite à son palmarès, l’ex-maillot jaune du Tour devra revenir glaner des victoires en Bretagne avant de monter chez les pros. Rencontre avec l'un des glorieux anciens de l'ACBB !
          • Sous les couleurs de l’ACBB 3/7 : Le bidasse Georges Groussard remporte Paris-Verneuil
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            La vidéo de la rencontre avec Georges Groussard

             

             


             

            Tout est minutieusement conservé ! Les coupes, elles trônent sur le meuble des archives de son bureau et dans le vaisselier de la salle à manger. Les vélos, ils occupent une bonne partie de la cave de sa maison fougeraise. Il n’y a pas seulement le cadre en carbone qui sort toujours trois fois par semaine. S’y trouve également le vélo Lejeune de l’épopée du Tour 1964 qui équipait la grande équipe « Pelforth-Sauvage-Lejeune ».

             

             

             

            A gauche: Une photo souvenir d’un moment mémorable, sa prise du maillot jaune. (Collection G. Groussard)

            A droite : Un maillot d’une équipe mythique du Tour de France des années 60, la formation Pelforth-Sauvage-Le Jeune (Collection G. Groussard)

             

            Les années n’ont nullement altéré Le rouge vif caractéristique de la marque de cycles française. Et pour cause : « Je l’ai fait ré-émailler dernièrement, comme à l’époque », explique Georges Groussard, troisième coureur breton au classement des porteurs du maillot jaune dans le Tour de France après Bernard Hinault et Louison Bobet. « Mais eux, ils l’ont gagné ! » précise le cadet des frères Groussard. Neuf jours avec la tunique de leader dans le tour 1964, selon Jean-Paul Ollivier dans son ouvrage « Maillot jaune » publié en 1999 aux Editions du Readers’digest. « Mais dix étapes en jaune puisqu’une journée comptait une étape le matin et un contre-la-montre l’après-midi ! », rectifie malicieusement Georges.

             

            Georges Groussard porteur du maillot jaune dans le Tour 64. (Collection G. Groussard)

             

            28 mois de service militaire

             

            A l’évocation de son passage dans les rangs de l’ACBB, objet de la visite, Georges sort rapidement ses petits carnets d’époque. Toutes les courses, la date, la place y sont consignées. Dans celui de l’année 1958, une épreuve est soulignée de deux traits : la classique Paris-Verneuil. La grande victoire du Fougerais sous les couleurs grises et orange du célèbre club parisien.

            Comme beaucoup de coureurs régionaux au tournant des années 50/60, la signature à la section cycliste de l’Athlétic-club de Boulogne-Billancourt allait de pair avec le service militaire. Georges entra au Bataillon de Joinville pour un service de vingt-huit mois. Comme tous les jeunes de cette génération, l’enrôlement sous les drapeaux signifiait un départ pour l’Algérie : « Nous, au Bataillon nous étions privilégiés, nous n’avions que six mois sur les vingt-huit à faire là-bas et nous y allions en hiver lorsqu’il n’y avait pas de courses. Le premier hiver, je ne suis pas allé, ils m’avaient oublié. Sauf qu’en 59, ils s’en sont souvenus et m’ont envoyé là-bas à la mi-juin en pleine saison cycliste. Je ne suis pas monté sur un vélo jusqu’à ma libération le 15 août. J’ai fait une saison blanche même si j’ai réussi à gagner une course dans la Sarthe en septembre ».

            Ses passages à l’ACBB et au Bataillon ne furent donc pas vraiment des tremplins pour décrocher son premier contrat chez les pros. En 1960, Georges revint en Bretagne dans son club d’origine, le VS Fougerais : « J’ai remporté cette année-là une quinzaine de courses, ce qui m’a permis de passer pro en 1961 ».

             

            Georges Groussard a tout gardé dans ses petits carnets. Ici celui de 1958 avec une victoire sous les couleurs de l’ACBB dans la classique Paris-Verneuil. (Albert LE ROUX)

             

            Départ aux aurores

             

            De ses trois années à l’ACBB et au Bataillon, Georges Groussard retient l’émulation qu’il y avait à l’époque entre les clubs parisiens au départ des classiques, nombreuses et exigeantes, avec des parcours dépassant les 200 bornes : « Il y avait souvent plus de 250 coureurs au départ. Décrocher une classique parisienne, c’était déjà un grand pas pour signer un contrat pro ».

            « Il y avait souvent plus de 250 coureurs au départ. Décrocher une classique parisienne, c’était déjà un grand pas pour signer un contrat pro ? »

            Le départ de ces courses au plateau relevé était souvent donné dans l’ouest parisien vers 7 heures. Avant l’aurore, les coursiers militaires quittaient ainsi à vélo, la valise sur le cadre, les locaux du Bataillon situés à l’opposé de Paris en lisière du bois de Vincennes. Ils traversaient tout Paris pour rejoindre la ligne de départ où Georges retrouvait alors ses équipiers de l’ACBB. « Le soir le club nous redéposait quand même au Bataillon ». Question tactique de course ? « On ne pratiquait pas trop la course d’équipe, chacun courrait plus ou moins pour soi. Nous les amateurs, on ne voyait pas trop Wiégant à l’époque », se souvient le Fougerais.

            En effet à la fin des années 50, la section amateur du club parisien n’était pas aussi structurée qu’elle le sera dans les décennies suivantes, car son directeur sportif historique Mickey Wiégant se consacrait quasi-exclusivement au groupe professionnel qui prendra différentes appellations en fonction des sponsors et des années, ACBB-Helyett-Félix Potin, puis Helyett-ACBB-Leroux-Hutchinson, une formation qui comptait dans ses rangs ce qui se faisait de mieux dans le peloton national à ce moment-là : Jacques Anquetil, les frères Darrigade, Jean Graczyck, et…Joseph Groussard, le grand frère.

             

            La signature du commandant

             

            A l’époque, le suivi individuel des plans d’entraînement étaient un peu moins pointu qu’aujourd’hui : « Au bataillon, on nous donnait un circuit à faire et nous devions nous arrêter faire tamponner un petit carnet dans une boulangerie ou dans un café pour bien montrer au retour à la caserne qu’on avait fait nos bornes. On nous a appris aussi comment se protéger la tête en cas de chute ». Pour le reste…

            « Au bataillon, on nous donnait un circuit à faire et nous devions nous arrêter faire tamponner un petit carnet dans une boulangerie. »

            De ses années parisiennes, Georges Groussard se rappelle encore qu’il courait très souvent en …Bretagne. Et pour cela, il avait un système, certes risqué, mais imparable pour obtenir une permission. Son frère Joseph, passé quelques années plus tôt par le Bataillon, y avait récupéré un carnet de permissions vierge : « Il me l’a donné. Il me suffisait d’imiter la signature du commandant ». Ainsi lorsqu’il ne courrait pas au sein de l’équipe de l’ACBB ou du Bataillon, Georges se signait « une perm » et sautait dans le premier train à la gare Montparnasse.

            Quelques heures plus tard, il prenait le départ d’un critérium ou d’une course de pardon en Bretagne. Toute une époque où le directeur sportif ne maitrisait pas forcément les faits et gestes de ses coureurs par le biais d’un programme informatisé ou d’une oreillette interposée. « D’ailleurs il faudrait une bonne fois pour toutes, les supprimer ces fameuses oreillettes, analyse l’ex-maillot jaune. Les courses gagneraient en spontanéité ».

             

            Albert LE ROUX

             


             

            Tour 64, Georges Groussard, capable de passer les cols avec les meilleurs. (Collection G. Groussard)

             

             

            Recalé pour le défilé du 14 juillet.

             

            De ses années chez les pros, Georges Groussard, n’aura jamais eu l’honneur de défiler sur les Champs-Elysées. Le Tour se terminait alors sur l’anneau du Parc des Princes et non sur la plus belle avenue du monde. Et même lorsqu’il était bidasse au Bataillon, il n’eut pas droit de participer au défilé du 14 juillet et resta consigné à la Caserne. Pas assez grand du haut de son 1,59 mètre pour défiler.

             

             

            Tour 64, Georges et son maillot jaune en compagnie de son frère Joseph. (Collection G. Groussard)

             

            Une petite taille dont il sut tirer parti, question de notoriété, lorsqu’il prit le maillot jaune dans la 8e étape du Tour de France 1964 entre Thonon-les-Bains et Briançon. Dans leur prose du lendemain, les journalistes bien évidemment la jouèrent facile, le plus petit coureur du Tour devenu un géant de la route : « Vu ma petite taille, je ne peux pas être un géant de la route. Déjà tous les copains me charrient », répondait-il dans les interviews (L’Equipe, Tour de France, 100 ans, 2002). 53 ans plus tard, le coureur fougerais explique : « En fait ma petite taille était un atout. Dans les cols, vu que mon centre de gravité était plus bas que celui des autres coureurs, j’étais beaucoup plus véloce et je descendais plus vite ».

             

            Tour 64, Georges Groussard prend le maillot jaune à Briançon. (Collection G. Groussard)

             

            Un règlement revu pour les frères Groussard.

            En 1961 Georges Groussard a déjà montré de belles qualités et peut aspirer à prendre le départ du Tour de France pour sa première année chez les pros. Le Tour se court pour la dernière année en équipes nationales. Georges est sélectionné pour faire partie de l’équipe de l’Ouest – Sud-Ouest jusqu’à ce qu’un officiel brandisse un règlement pour le moins bizarre.

            Deux frères qui courent dans des équipes différentes ne peuvent pas prendre tous les deux le départ du Tour. Joseph, le frère ainé fait partie de l’équipe de France auprès de Jacques Anquetil, Henri Anglade, Jean Stablinski, André Darrigade, etc. Après de longues palabres entre les commissaires et devant une presse qui s’enflamme, le directeur du Tour Jacques Godet décide alors de mettre cet article du règlement au panier pour ne pas priver l’équipe de l’Ouest de son jeune coureur. Georges terminera 30e pour son premier tour.

             

            D’Anquetil à Merckx

            De tous les champions côtoyés, Georges Groussard en retient deux. Le premier Jacques Anquetil : « La grande classe et un gars très sympathique, contrairement à tout ce qui pouvait être dit et écrit sur lui. C’était quelqu’un qui ne cherchait pas à tout gagner. Il n’écrasait pas ses adversaires. Un vrai gentleman ».

             

            Tour 64, l’arrivée à Toulouse avec Jacques Anquetil. (Collection G. Groussard)

             

            Georges Groussard se présente en 1966 au départ du Tour du Morbihan pour son avant-dernière saison chez les pros. Il se retrouve dans la « bonne » en compagnie de deux coureurs de l’équipe Peugeot, Raymond Delisle et un tout jeune Belge dont c’est la première saison professionnelle : « Je me suis rendu compte tout de suite que j’avais affaire à un costaud ». Le style est saccadé, mais le coup de pédale est sacrément efficient, aidé par son coéquipier normand, le Belge décroche sa première victoire chez les pros. Il s’appelait Eddy Merckx. Pas encore cannibale mais déjà efficace.

             

             

             

            Georges Groussard (3e à partir de la droite) et son équipe Pelforth-Sauvage-Lejeune (Collection G. Groussard)

             

            La page spéciale de la série "sous les couleurs de l'ACBB" est à découvrir en cliquant ici !

            Vous y retrouverez tous les épisodes déjà diffusés.

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