« On a le même siège, mais on n'a pas le même maillot. » Cette formule détournée d'un spot de la Fédération Française de Football pourrait traduire l'apparente proximité entre des formations de niveau professionnel et leur pendant chez les amateurs. Elles partagent les même locaux, possèdent du matériel commun, un directeur sportif de l'une dépanne l'autre si besoin,... Saur et Sojasun font de la coloc' dans des bâtiments au coeur dans une zone artisanale de Noyal-Châtillon-sur-Seiche, au sud de Rennes. Bouygues et Vendée U ont la même adresse, elles, à l'est de La Roche-sur-Yon. Sous le distingué Manoir Saint-Michel, aux Essarts, plus précisément. Mais qu'on ne s'y trompe pas, chaque structure a son identité propre. Certains coureurs se croisent parfois au siège et prennent mutuellement de leurs nouvelles mais la complicité s'arrête là. Comme le dit Alain Heulot, président de Sojasun Espoirs AC Noyal-Châtillon, « chacun vit sa vie. »
Les rapprochements sont rares dans la saison. Côté breton comme côté vendéen, le programme sportif est parallèle pour chaque équipe. « Il n'y a pas de stage commun dans la saison », affirme Alain Heulot. « Jean-Lou Païani a accompagné les pros lors d'un stage en montagne en début de saison mais c'est parce qu'il habite dans les Alpes. C'est une exception. Les deux équipes se préparent bien spécifiquement donc il n'y a pas de rassemblement. »
La mixité est un peu plus de mise de l'autre côté de la Loire mais, là-bas aussi, les mélanges restent à la marge. Hervé Arcade, directeur sportif de Vendée U: « On repère assez tôt dans la saison les amateurs susceptibles de passer pros à la fin de l'année et on les confronte aux Bbox. Il y a quelques mois, des garçons comme Jérôme Cousin ou Tony Hurel ont profité d'un stage de préparation avec les professionnels à Salou en Espagne. Mais quand on envoie des amateurs comme ça, ils n'y vont jamais à plus de deux à chaque fois. » Comme si l'élite entrouvait tout juste sa porte. Ses preuves, c'est clair, il faut les faire en course. C'est là qu'un bon élément montre à ses dirigeants s'il a les capacités ou non d'accéder à l'échelon supérieur. Pas en se frottant à ses aînés lors de quelques sorties.
La Val d'Ille puis le Gévaudan
Les réelles collaborations existent plutôt au niveau de l'encadrement. A Noyal-Châtillon, « il y a énormément d'échanges entre les directeurs sportifs et les entraîneurs", dixit Heulot père. "Mon équipe, par exemple, bénéficie des lumières de Jean-Baptiste Quiclet, entraîneur de Saur-Sojasun. C'est un élève de Frédéric Grappe (entraîneur de la Française des Jeux, réputé en France). Il a travaillé, notamment, avec l'Equipe de France de VTT. » Pour le reste, bien entendu, les échanges sont réguliers entre Stéphane et Alain Heulot pour faire le point sur les jeunes en devenir. Même son de cloche, ou presque, aux Essarts. « Les contacts sont fréquents entre l'encadrement Bouygues et nous », admet Hervé Arcade. « Chaque entité a son équipe technique. C'est plus pour les conseils que nous sommes en rapport. Pour les passages pros, des réunions sont prévues également. Chez nous, quelques coureurs potentiels seront dégagés après le Championnat de France. En général, trois stagiaires sont désignés en juillet ou en août. Mais nous sommes juste consultés. La décision finale appartient à Jean-René Bernaudeau. » Le grand boss à l'origine des deux structures. D'ailleurs, deux fils de JR porte les deux maillots. Le turquoise de Bbox pour Giovanni, le rouge et blanc de Vendée U pour Mathieu.
Ces quatre équipes se retrouvent dimanche au départ de la Val d'Ille. C'est la première fois de la saison pour le couple Saur-Sojasun - Sojasun Espoirs avant de croiser à nouveau leurs routes sur le Tour du Gévaudan, en septembre prochain. Les Ligériens, en revanche, ont déjà connu cette situation en avril sur la Classic Loire-Atlantique. Elle se reproduira la semaine prochaine, à l'occasion des Boucles de la Mayenne. Alors adversaires d'un jour ou alliés de circonstance? « Il n'y aura aucune entente », assure avec fermeté Alain Heulot. « Les choses sont claires pour tout le monde de ce côté-là. Ce sont deux équipes différentes aux intérêts bien distincts donc nous serons adversaires. Après, pour mes amateurs, c'est une occasion de se confronter à des professionnels. La Val d'Ille est une classe 2 donc elle est un bon moyen de se montrer. » « On ne s'associera pas à Bouygues pour rouler car le règlement l'interdit », précise Hervé Arcade. « Les commissaires sont vigilants lorsque deux équipes proches comme les nôtres courent ensemble. Donc on ne va pas s'amuser avec ça. De toute façon, on trouve toujours des alliés de circonstance en course. Je pense plutôt que mes gars prendront le départ avec l'envie de se frotter aux pros et de les battre, pourquoi pas. Faire mieux que les Bbox serait déjà très bien alors gagner la course... Tony Hurel, par exemple, a battu Nicolas Jalabert au Trophée des Champions l'an passé. Mais on serait déjà très contents avec une place dans les dix premiers. »
Et quand il s'agit d'évoquer la plus insolite des situations, à savoir un homme de chaque équipe arrivant ensemble pour la victoire, Heulot et Arcade assurent que l'éthique sera respectée. La satisfaction, en tout cas, sera partagée quelque soit le vainqueur.
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