Erwann Corbel (Sojasun Espoir) sur sa lancée de Saint-Jacques-Guiclan ?
Ah ! Saint-Evarzec ! Je garderai toujours dans un coin de ma mémoire mon intronisation dans la Ronde Finistérienne et cette terrible erreur de parcours de mon Ami Schwarzy (il se prénommait Jean-Luc à cette époque mais, depuis le Championnat de France de cyclo-cross à Lanarvily, Daniel Mangeas l’a affublé de ce surnom dont notre Gouesnousien s’enorgueillit à chaque occasion). Cupidon, dieu de l’Amour dans la Rome antique, l’avait-il atteint d’une de ses flèches, allez savoir, toujours est-il que mon émérite conducteur ne vit point (moi non plus d’ailleurs !) la pancarte, trop occupé à me raconter son travail dans l’équipe de l’ancien Président Pailler. Schwarzy doublait et redoublait en se félicitant « T’as vu s’il cavale mon fourgon ? », ou en injuriant « Il nous emmerde celui-là avec son pot de yaourt et son petit 100 km/heure ». Accroché fébrilement à mon siège, regardant ma montre à chaque instant car je trouvais la distance bien longue, je finis par lâcher un timide « Vous allez où, Jean-Luc ? ».
La réponse fusa aussi rapidement que la mise en route de sa tondeuse (c’est un jardinier d’une extrême compétence) et je crus déceler un brin d’étonnement et un soupçon d’énervement chez le chef de la logistique, maillon ô combien indispensable au bon fonctionnement de la Ronde « Ben, quoi ? A Saint-Evarzec ! Pourquoi tu me dis cela ? ».
Pour ne point le froisser, je répondis d’une voix doucereuse « A mon avis, aussi humble soit-il, nous avons raté la bretelle de sortie et nous nous dirigeons allégrement vers Quimperlé, je vous conseillerai donc de quitter rapidement cette voie express, de prendre la direction de Pont-Aven et ensuite on avisera pour le retour ». Un silence s’installa dans la cabine, Jean-Luc ne pipait mot, laissant simplement son petit bridge faire des va-et-vient sur le bout de sa langue, quand, soudain, à mon grand soulagement, il décida « On y va ». Pour détendre l’atmosphère, je ne pus résister à l’envie, en apercevant la pancarte Pont-Aven, de chantonner à l’adresse de cet amoureux en herbe « Connaissez-vous les filles/du pays des moulins/Dieu qu’elles sont jolies/que leurs yeux sont câlins ». Mon chauffeur esquissa un sourire mais ce n’était pas son jour car il avait perdu le sens de l’orientation et je comprenais alors parfaitement la justification du dicton « L’amour rend aveugle ». A mon corps défendant, il me fit traverser les communes de Névez, Trégunc, Lanriec et Beuzec-Conq en m’arrachant ce cri du cœur « Nous ne sommes pas sur l’Aven-Moros, cher Ami, nous allons à la Ronde Finistérienne ! ».
Nous arrivâmes finalement à bon port, chambrés par toute l’équipe et les membres du Comité cycliste de « Saint-é » que je n’avais pas encore eu l’heur de connaître. Depuis j’ai appris à les côtoyer, ces joyeux drilles de ce dynamique Comité présidé par le compétent et affable Daniel Diligeart. Désormais, chaque année, je ne boude pas mon plaisir de venir en pèlerinage dans la ZAC de Troyallac’h à l’image de mon pote Dédé Kerriou s’en allant, chantant le cœur joyeux, au Pardon du Folgoët « Patronez douz ar Folgoad ». « Et, à Saint-é, il y a toujours de sacrés clients sur la ligne de départ », m’avait affirmé Schwarzy le matin de notre fameuse reconnaissance du Trophée Aven-Moros.
Ce sera encore le cas cette fois et des grosses pointures, il y en aura, en veux-tu, en voilà ! « Je vais faire toutes les étapes », me confiait, l’autre jour à Saint-jacques-Guiclan, Vincent Rouxel, l’homme en super forme de l’UC Briochine qui sera épaulé par Stefan Ravaleu et Wilfried Jaffrelot. Le néo-zélandais Joseph Cooper (Côtes d’Armor) ralliera de nombreux suffrages et ses équipiers Yoann David et Régis Geffroy ne passeront pas inaperçus, c’est clair. Matthieu Jeannes (BIC 2000) se montre toujours à son avantage sur ce parcours et son pote Fabien Sidaner « Le dynamiteur de Plouaret » l’aidera à déblayer le chemin. Loïc Tallot « le Lucky Luke du VCP Lorient » sera à surveiller de près à l’instar de son chef de file Piotr Zielinski, l’héroïque vainqueur de l’an dernier. N’oublions surtout pas Erwann Corbel (Sojasun) « La torpille de Saint-Jacques », Erwan Brenterch (AVC Aix) ou encore Gwenaël Simon (HC) et Maël Nivinou (ACL 56) qui filera le parfait amour avec la côte de Mouster-Coat. Dans le pays des korrigans, citons aussi ces lutins pétris de talent, Geoffrey Millour (VS Plabennec), Erwan Goasguen et Tangi Leroux (ECL), Maxime Cam et Ronan Tassel (UCB) ou encore Jérémy Bescond (VC Vaulx en Velin). « Une seule consigne, amis coursiers, ne regardez pas l’Arbre du Chapon durant l’épreuve sinon… »
« Bigre ! ». Daniel Diligeart, « Le sorcier de Troyallac’h », peut vous fournir la réponse.
Alain Podeur membre du bureau de la RONDE
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