Une odeur de poudre un 14 juillet
Pont de Buis, qui n’était qu’un hameau au XVIIème siècle, devient une paroisse en 1909 et peut s’enorgueillir d’être devenue en 1949 la plus jeune commune du Finistère. Elle doit son nom au pont qui enjambe la Douffine, en contrebas au nord du bourg, au lieu-dit « Ar Veuzenn » (étendue de buis). Depuis 1965 la commune s’appelle désormais Pont de Buis les Quimerch, suite à la fusion avec Quimerch et Logonna Quimerch. « Tout le monde suit ? » avais-je envie de questionner lorsque JFU (prononcez JIFU, s’il vous plaît, alias Jean-François Uguen, le petit dernier de l’équipe à Jean-Paul Favé) me lança avec un sourire en coin :
« Je devine que tu vas nous faire remarquer que Pont de Buis rime avec poudrerie »
« Bravo JIFU ! On ne peut rien te cacher ! Et je ne t’apprendrai peut-être pas que, sur ordre de LOUIS XIV, l’intendant de marine Desclouzeaux fonda cette poudrerie en 1688. En trois siècles sa croissance a été rythmée par les guerres, celles du Roi-Soleil d’abord, de la Révolution et de l’Empire ensuite et enfin celles contre l’Allemagne. En 1906 par exemple, 400 ouvriers y travaillaient alors qu’en 1917 on en dénombrait 5500. Aujourd’hui, 150 employés fabriquent essentiellement de la poudre pour les adeptes des stands de tirs et surtout pour les chasseurs « Qu’est-ce qu’on dit Monsieur Dédé Kerriou ?, vous la terreur des faisans et des lapins de garenne ». « Que de noms célèbres », continuais-je avec passion « ont marqué de leur empreinte cette poudrerie : Georges Cadoudal, Jacques Simon, François Hamon, François Goasduff… » Je n’eus pas le temps de terminer ma liste que JFU m’apostropha :
« Je connais bien les trois derniers qui s’illustrèrent maintes fois sur le réputé Circuit de la Douffine dont le parcours traversait, il fut un temps, les allées de la poudrerie. Mais, franchement, Cadoudal ? Il faisait partie de quel club déjà ? Son nom ne me dit rien ». « Sacré JIFU ! », pensais-je, un brin mélancolique « Cet incollable dans les palmarès cyclistes, aussi imbattable dans la pose de carrelage que l’ami Fichoux en Histoire de France, serait en arrêt devant ce célèbre personnage ? ». La voix du puits de science kernilisien fusa comme l’éclair « Georges Cadoudal, guillotiné à Paris, en Place de Grève, le 25 juin 1804 ».
« Eh oui, JFU ! », repris-je après le Seigneur de Carman Coz « Cadoudal, chef Chouan, échappé de la prison de Brest et réfugié à Locoal-Mendon, attaqua la poudrerie le 17 juin 1795 pour y dérober un stock impressionnant de poudre. Vous avez hérité, cher ami, de sa stature impressionnante avec ce cou si musculeux…Oh ! Excusez-moi, JFU ! Je suis confus ! ». Je réalisais en l’instant ma terrible bourde au vu de la fin tragique de l’anti révolutionnaire.
Gérard Guilmet, alias Gégé, le nouveau Président du Comité cycliste local, s’aperçut que la RONDE avait déserté Pont de Buis depuis 1982. Cette année-là le grimpeur Gilbert Le Lay remportait l’étape devant Jean-Louis Conan et Gildas Le Menn. « On veut la RONDE le 14 juillet », clamèrent en chœur Gégé et sa formidable équipe. « Permission accordée, mon Capitaine », répondit, rouge de plaisir, le Président Favé. En consultant la liste des engagés, on retrouve une pléthore de favoris et l’affable Gégé et son complice Michel Coadou doivent déjà se frotter les mains. Côtes d’Armor Marie Morin a sorti la grosse artillerie avec ses trois coursiers de valeur arrivant en droite ligne du Tour de Dordogne, Yann Botrel, Yoann David et Régis Geffroy. Matthieu Jeannes (BIC 2000), excellent 3è sur cette même course à étapes, fera figure d’épouvantail à moins qu’il ne vienne pour aider son frère Thibault (Hennebont Cyclisme) à consolider son maillot de meilleur grimpeur. Erwan Corbel (Sojasun Espoirs), Vincent Rouxel et Stefan Ravaleu (UCB) vont peser de tout leur poids sur l’épreuve à l’instar de Yann Rault (ACL 56), Glenn Le Quéau et Benoît Jouanigot (LEQ) ou encore Fabrice Le Donge (VS Plabennec). On suivra avec beaucoup d’intérêt les performances de Maxime Cam (UCB), d’Erwan Goasguen (ECL), de Sylvain Le Gac (VS Plabennec), de Sylvain Vasseur (AC Brévinois) et de Stevan Massé (LEQ) dans un contexte très relevé. On salue avec beaucoup de plaisir le retour dans les pelotons d’Hervé Bellec (ECL) et de Yann Vigouroux (UC Quimperlé), ces valeureux guerriers crachent le feu.
La bataille pour les maillots sera âpre, çà sent la poudre, c’est normal, nous serons à Pont de Buis.
Correspondance de Alain Podeur membre du bureau de la Ronde , Photos Adeline Roué
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