
Qui échappera au Golgotha dans la montée du Butou ?
En longeant la superbe route de la Corniche, épousant les méandres capricieux de la Rivière de Morlaix, on découvre soudain, accroché au flanc boisé d’un coteau, le charmant village de Locquénolé. Elle a vraiment de l’allure cette coquette bourgade construite tel un amphithéâtre et Henri Clouard, journaliste et critique littéraire de l’époque, la décrivait déjà en 1919 comme un paradis terrestre.
Vous avez bien sûr remarqué que Locquénolé rime avec tranquillité et, dés 1888, ce havre de paix était devenu un lieu de villégiature prisé par les notables du canton. Nos chroniqueurs mondains d’aujourd’hui se seraient bien régalés de commenter cette année-là le mariage en grandes pompes du Baron Bernard de La Chapelle…en l’église de Saint-Guénolé. Dans ce lieu sacré se pressaient alors autant de noms à particules que de coureurs engagés de nos jours au départ du Tour de France. Mais, pour ne point froisser un tel défilé de Comtes et de Marquises, ils auraient sans doute évité de faire remarquer « Vous venez de passer à l’instant devant l’Arbre de la Liberté planté par les Sans Culottes le 30 Nivôse An II (19 janvier 1794), en présence de Claude Geffroy, le Maire, pour commémorer la prise de la Bastille ».
Parlons-en justement du premier magistrat actuel de Locqué, l’emblématique et combien affable Guy Pouliquen, vacciné lui aussi avec un rayon de bicyclette. D’une ponctualité et d’un calme légendaire, le « Monsieur primes » de l’équipe dirigée par Alain Lorsong arrive sur le podium un quart d’heure avant le départ et promène son éternel sourire qui en dit long sur la joie qui l’anime de participer à une si belle fête. Grâce à lui et aux membres du Conseil municipal, la Rue du Butou a été refaite à neuf voici deux ans, un macadam du plus bel effet remplaçant un revêtement grossier qui rendait l’ascension encore plus pénible. Depuis, assis près de l’Ami Guy et attendant le départ de l’épreuve, je regarde en direction de ce chêne bicentenaire dont j’aperçois les frondaisons et je fredonne pour ne pas distraire les talentueux animateurs Dédé et Daniel « Guy Pouliquen avait promis (bis)/d’humaniser son dur circuit (bis)/il n’y a pas manqué/l’Butou fut bitumé/Dansons la Carmagnole/Vive Lorsong, Vive Lorsong/Dansons la Carmagnole/Vive l’équipe à Lorsong ».
Monsieur le maire me susurrait l’an dernier en jetant un regard admiratif sur chacun des concurrents appelés à en découdre « Il faudrait instaurer un Prix du Courage sur une épreuve aussi difficile que la notre car je note que, chez nous, les abandons sont peu nombreux. Ceux qui, un jour, avaient promis en franchissant la ligne d’arrivée exténués, hagards, exsangues « J’arrête le vélo et je me lance dans un sport de combat comme les dominos, la pétanque ou le bridge » reviennent l’année suivante, oublieux de leurs souffrances passées. J’ai observé tout à l’heure Dédé et Daniel, nos animateurs pourtant dans leur poids de forme, gravir la côte à petits pas et le souffle bien court ».
En l’absence de plusieurs ténors retenus sur le Kreizh Breizh, Régis Geffroy (Côtes d’Armor Marie Morin) risque fort de rafler la mise s’il affiche le même tempérament de feu qu’à Pont de Buis le 14 juillet. Mais il croisera un adversaire de taille en la personne de Meven Le Breton (Guidon Chalettois), le vainqueur du Tour de Franche Comté. Maël Nivinou (ACL 56), ceint de son beau maillot à pois, trouvera, sur cette pente abrupte, matière à exprimer ses talents d’escaladeur hors normes. Le flegmatique Sylvain Vasseur (AC Brévinois) jouera certainement un rôle actif, à l’instar du duo de choc Plancoëtin Guillaume Hervé et Arnaud Martin ou encore Romain Pinot (Hennebont Cyclisme) et nous suivrons avec intérêt la performance de Christophe Balanec (ACL 56) sur ce relief tourmenté.
En 2ème catégorie, on devrait assister à une lutte de toute beauté entre Maxime Cam (UCB), le virevoltant lutin de La Roche-Maurice et les vaillants guerriers de l’EC Landerneau, avec à leur tête Erwan Goasguen, combattant hors pair et ses épatants lieutenants Tangi Le Roux et Sébastien Coquil. Jacques Kerneis (BIC 2000) retrouve sa forme d’antan et ne se laissera pas conter fleurette. N’oublions pas Thibault Jeannes (HC), encore moins Romain Noblet (VC Pontivy) dont le coup de pédale fait l’admiration des puristes et surtout pas Sylvain Le Gac (VS Plabennec). Yann Vigouroux (UC Quimperlé), le revenant, émarge en 3ème catégorie mais, sur les pentes escarpées du Butou, il titillera les meilleurs et, avant la fin de la Ronde, il risque fort de nous en claquer une, l’ancien coursier du VC Châteaulin cher au Président Hervé Louarn. Bref, comme dirait Jackez Lamour, il y aura du « Charivari » dans les classements, la valse des maillots va commencer.
Alain Podeur membre du bureau de la RONDE
Locquenolé (29) - 1ère, 2e, 3e catégorie/Juniors/PC Open "Ronde Finistérienne"
Départ à 15h30 pour 29 tours de 3,2 km
Contrôle technique : AC Léonarde
Mentions légales | Designed by diateam | Powered by diasite