Ce fut le cas en ce dimanche 2 avril 2017, à Lesneven. Grâce en soit rendue à André Kerriou, metteur en scène sage et inspiré dans ses décisions. Grâce en soit rendue aussi à ses pairs qui l’entourent et le secondent efficacement. Parmi eux, nous avons choisi de mettre en exergue Ollivier Corre, le médecin de l’épreuve. C’est un homme de l’ombre qui sait rester anonyme, quand ses interventions - il y en a toujours – passent inaperçues. Dans ce cas, les inconséquents le jugeraient superflu. Mais quand surgit l’accident, une lumière violente révèle son indispensable présence.
La passion d’Ollivier
Ollivier Corre est un véritable amoureux du cyclisme. Ce médecin généraliste-réanimateur pratiquait le cyclotourisme en solitaire avant de prendre sa retraite. Plus libre de ses horaires, le Guipavasien s’est alors inscrit à l’AS Tourbian. A 67 ans, son coup de pédale possède l’élégance de l’homme. Loin de jouer les serre-files, il est, pour son club, un élément de choix.
Ce dimanche après-midi resplendissait de promesses. La course en était à ses prémices. Le soleil dansait sur la baie de Goulven. Le peloton, nerveux, euphorique, franchit la bute de Plouider, plongea dans la descente, comme attiré par la mer. Goulven, Plounéour-Trez, Brignogan, sont des lieux nourris de légendes. A laquelle rêva le coureur qui effectua une coupable embardée ? Le scénario le plus imprévu surgissait. Le médecin ne l’avait pas imaginé :
« J’étais dans la deuxième voiture qui suit le peloton. L’hécatombe fut exceptionnelle. Depuis que j’opère sur les courses, de l’Essor Breton au Tour des Deux Sèvres, de Châteaulin à Plouay, je n’avais jamais vu un tel tableau de vélos enchevêtrés, entendu ce mélange de cris et de gémissements. C’était cauchemardesque ! »
Un sport dangereux, mais fascinant
Durant 1 heure et 45 minutes, la course fut interrompue. Ollivier Corre poursuit : " J’ai cru que la course allait être annulée. André Kerriou, l’organisateur de la course, heureusement, faisait preuve de sang-froid. Nous ne disposions que d’une ambulance civile. Une ambulance des pompiers aurait constitué un supplément intéressant. Bientôt, elles furent sept qui emportèrent sept blessés vers différents hôpitaux. Le port du casque avait été une bénédiction et aucun coureur n’avait perdu connaissance. Nul traumatisme crânien n’était à déplorer. Le plus atteint était peut-être ce garçon très pâle, allongé sur la civière, et que nous tentions de réchauffer. J’ai supposé qu’il pouvait avoir une clavicule cassée. Sur la quarantaine de coureurs projetés à terre, une bonne trentaine avait été touchée. Plusieurs d’entre eux avaient regagné la voiture de leurs proches. Le mal, in fine, avait été circonscrit. Néanmoins, je fus un peu seul à soigner dans l’urgence. Une infirmière m’aurait soulagé. Il est des épreuves où elle constitue une aide importante. Parfois, la course reprend et elle reste à l’arrière, poursuivant les soins. Mais il est bien difficile d’en trouver."
« Le cyclisme demeurera un sport dangereux. Mais ce garçon qui a chuté à plusieurs reprises, qui hurle quand je passe un antiseptique sur sa blessure et jure de ne plus monter sur un vélo, nous l’apercevrons dès le lundi, à l’entraînement. Oui, sport dangereux, mais combien fascinant ! »
Le docteur Ollivier Corre a refermé sa mallette. Il s’éloigne, modeste et tranquille, le devoir accompli. Depuis 2013, il n’a jamais regretté de s’être mis au service des épreuves cyclistes… Ce Dimanche, il officiera à l’occasion de la Routière. Ce médecin aime le vélo, mieux il aime les coureurs.
Daniel KERH
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