Mais tout d'abord, savez-vous d'où vient ce nom bien connu dans notre monde du vélo breton ? L’entreprise familiale fondée par Marie et Honoré Bonenfant en 1939 devient « Les tricots Noret » en 1947. Le nom Noret est tiré de Jean Noret, la fausse identité utilisée par Honoré Bonenfant pour cacher ses activités de résistant au sein du groupe de la Hunaudaye lors de la seconde guerre mondiale.
Honoré Bonenfant dans l'atelier: il était Jean Noret.
Dirigée depuis 2007 par Jean-Noel Bonenfant, le petit fils du créateur, la structure souhaite donner un nouvel élan à son activité. Noret a toujours su s’adapter au marché et notamment à l’évolution technologique : « Dans les années 70, l’avenir de l’entreprise aurait pu basculer en 24h. Mon grand père avait des commandes, notamment celle du VCP Loudéac, déjà ! Cependant, il ne parvenait pas à mettre au point son flocage. C’est à dire qu’il tricotait son acrylique, enduisait de colle, posait le floc mais l’ouvrage ressortait un peu jaunâtre après la cuisson. Puis, un jour, il a utilisé les derniers sous qu’il lui restait pour acheter une bouteille de gaz afin d’alimenter le four en briques réfractaires. Il l'avait lui même construit. Il y fit un dernier essai et là, ça a fonctionné ! Le résultat était tellement bon qu’ensuite l’activité est partie en flèche. » Noret s’installait pour de bon dans le paysage cycliste français.
Marie Bonenfant et sa fille en plein travail.
À la fin des années 80, « une époque ou il y avait encore une vraie concurrence française » le flocage est délaissé pour une autre technique venue d’Italie, la sublimation. « Un peu avant nos confrères de l’époque, nous avons investi dans la sublimation, notamment dans de grosses machines de sérigraphie, dans les encres afin de maîtriser le processus de fabrication. Dans l’univers du textile, c’était le deuxième virage, le troisième étant la sublimation numérique et non plus la sublimation en sérigraphie. »
2023 constitue un nouveau virage pour l’entreprise basée à Saint Denoual : « Nous avons décidé de passer un cap important sur le plan marketing et communication ! » Et cela se formalise notamment avec l’arrivée de Thibault Desmasures, nouveau directeur marketing en provenance de feu l’équipe B&B Hotel KTM. « Nous devons nous mettre plus sur le devant de la scène, dépoussiérer un peu notre image. Nous allons modifier le logo, nous avons nommé des ambassadeurs avec Pierre Roland et Titia Ryo du Team Sportbreizh. Thibault a déjà fait un gros travail et ça va continuer. » Desmasures va bouger la PME de Saint-Denoual mais sans toutefois compromettre les valeurs premières : « Nous sommes une entreprise avant tout française mais très fière de ses origines bretonnes. »
Autre recrue récente, Aude Carissan, responsable commerciale en provenance d’ASO. Sur la partie commerce, Noret veut aussi aller de l'avant et « développer le réseau commercial, avec les commerciaux sur la route, pour rencontrer plus de clubs, mais aussi élargir le nombre de point de vente. » Tout ce cheminement devant engendrer une forte croissance déjà anticipée. Selon Jean-Noël Bonenfant, «tout cela nous amène à augmenter notre capacité de production et nous possédons désormais un deuxième atelier de production en région Nantaise. Nous allons embaucher bientôt un directeur de production qui exerce actuellement cette fonction dans une enseigne de grande distribution d’articles de sport. Il aura pour mission d‘élargir la gamme. » C’est même une ouverture vers d’autres horizons que souhaite le dirigeant. Avec un panel de pratiquants et d’utilisations plus larges que le vélo, avec l’essor du Gravel, le vélotaf et l’augmentation des déplacements en VAE, Noret souhaite proposer à chacun un vêtement en adéquation avec son mode d'emploi de la bicyclette. L’entreprise, déjà présente dans le roller souhaite aussi partir à la rencontre des pratiquants de la course à pied et du trail.
Aude Carissan, au centre, dans les ateliers de Saint-Denoual.
Avec une production locale et un savoir faire ancré dans son territoire, Noret coche toutes les cases d’une entreprise moderne. En effet, ses produits ont une trace carbone bien moins importante que la plupart de ses concurrents importateurs. Autre point crucial de ce "vivre et travailler au pays", l’entreprise fait aussi vivre des familles depuis plusieurs décennies. « Collaborer avec cinquante salariés, c’est permettre à autant de familles de vivre à proximité de l’entreprise » nous explique Jean-Noël. « C’est un aussi un paramètre important que j’ai en tête dans chacune de mes décisions ! Mais c’est une fierté, c’est notre force ! Nous sommes réellement et foncièrement ''made in France !'' »
Quand je vois des clubs du département ou même des voisins de notre atelier choisir des produits d’importations...
Cependant, vous ne trouverez pas le fameux logo tricolore sur les vêtements : « Plutôt que de payer un label, je préfère inviter les clients à venir nous visiter à Saint-Denoual, afin de découvrir à quoi ressemble une structure de production locale. Et je dois vous avouer que je demeure toujours perplexe quand je vois des clubs du département et même des voisins de notre atelier choisir des produits d’importations. Ces clubs ne touchent-ils pas des subventions publiques locales qui devraient les inciter à favoriser des achats locaux ? » La conclusion de Jean-No' ? Elle est simple et tournée vers l'avenir mais en demeurant tellement fier de ses racines ! Dotée d’une âme de résistante, l’entreprise Noret passe à l’attaque car dans le commerce, « si on n'avance pas, on recule ! »
Steven Martin
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