Au haut du Mont Saint-Michel de Brasparts, après l’arrivée de la première étape de la Sportbreizh, beaucoup de suiveurs se posaient la question sur le devenir de l’équipe de l’UC Pays de Morlaix pour les deuxième et troisième étapes. L’aventure se terminait déjà pour Nicolas Claustre, Gautier Hervo et Alexandre Lohéac qui prenaient cher, bloqués par une chute au moment où il ne fallait pas, lorsque devant les grosses écuries de N1 embrayaient à la poursuite de Léo Danès, Axel Laurance, Thomas Guachignard et Thibault Valognes.
Raphaël Cadiou, lui, terminait dans le gruppetto. Samuel Le Page s’en tirait mieux, à 6 mn seulement du Vendéen Sandy Dujardin. Un des suiveurs demanda même au directeur sportif Thierry Hervo : « Vous poursuivez demain ? ». Le DS lui répondit par l’affirmative.
Le lendemain, à la présentation des équipes à Rosnoën, seuls Samuel Le Page et Raphaël Cadiou montaient sur le podium. Remarquez, l’UC Pays de Morlaix n’était pas la seule formation à avoir vu ses effectifs fondre sous le soleil qui illuminait la pente de Brasparts. L’illustre VC Pays de Lorient était lui également réduit à deux coureurs. Quant aux gars de la Creuse, trois d’entre eux avaient aussi manqué d’oxygène, ce qui n’empêcha pas le club creusois de placer un coureur, Laurent Gervais, sur la troisième marche au général à l’issue de l’épreuve.
« Quatre de nos coureurs étaient en deuxième catégorie et ils n’avaient pratiquement pas couru depuis la fin du confinement. L’objectif en venant sur cette Sportbreizh était de se confronter au haut niveau. Notre saison va véritablement commencer maintenant avec toutes les épreuves de la Ronde Finistérienne, puis les trois manches de la Coupe de France de N3 les 21 août, 26 septembre et 3 octobre », analyse Thierry Hervo.
Les deux rescapés morlaisiens ont franchi la ligne d’arrivée finale à Châteauneuf du Faou. Raphaël Cadiou a pu vraiment se jauger sur la dernière étape. « J’ai sauté à vingt bornes de l’arrivée, donc je suis plutôt content de moi », expliquait-t-il. Une chute au 5e kilomètre le premier jour et un problème de dérailleur le deuxième l’avaient rejeté dans les profondeurs du général. Raphaël compte à son palmarès deux « 3e cat » en 2018, une dizaine de top cinq en deuxième catégorie et quelques top 10 avec les premières. « La Sportbreizh a été ma vraie première course par étape après les boucles du Haut-Var l’an dernier en début de saison. J’ai pu voir ce que je valais par rapport au plus haut niveau amateur », analyse-t-il.
Quant au Plougastel Samuel Le Page, local du championnat de Bretagne puis de la première étape, Il s’est seulement mis à la route à la fin de la saison dernière. Pour cause de confinement, il a dû remiser son vélo de VTT en raison de l’annulation des épreuves. « Pour moi, c’était aussi la première course par étape. Je ne savais trop comment gérer mon effort. Du coup pour la première étape, je m’étais fixé comme objectif de finir dans le peloton en essayant de m’économiser. Le samedi, j’étais content puisque j’ai fini plutôt à l’avant du paquet. Le dimanche, dans la bosse d’arrivée, j’ai pris des crampes. Mes jambes ne répondaient plus. Dans les deux derniers tours, je me suis dit qu’il fallait tenir au moral, qu’il y avait toute la semaine pour se reposer », expliquait-il à l’arrivée à Châteauneuf du Faou.
Même s’il est passé inaperçu pour la plupart des spectateurs ou des suiveurs, en terminant la deuxième étape dans un peloton qui accusait seulement 1mn 23 de retard sur Emilien Jeannière, en finissant à 1mn 02 d’Axel Laurance le lendemain à Châteauneuf du Faou, avec à peine une dizaine de courses sur route dans les socquettes, le Plougastel peut être considéré comme une petite révélation de cette Sportbreizh 2021. A 18 ans, l’avenir lui tend les bras. « Moi, je continue à découvrir la route, course après course », insiste-t-il.
Le club morlaisien a fini cette Sportbreizh de manière honorable : « Maintenant, notre objectif est de réussir à étoffer notre effectif dans les années qui viennent, de pouvoir proposer à nos jeunes coureurs de belles courses et attirer aussi peut-être des coureurs de première catégorie qui, aujourd’hui, font partie d’équipes N1, mais qui n’ont pas forcément l’occasion de beaucoup courir en raison de la forte concurrence au sein de ces formations », analyse Thierry Hervo. Les dirigeants savent que depuis la disparition du Bic 2000 en 2017, le Finistère est orphelin d’un club de haut niveau. Arrivés chez les espoirs, les jeunes talents quittent le département. Alors l’UC Pays de Morlaix ambitionne d’être la solution, sans brûler les étapes pour autant.
Albert LE ROUX
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