Le coup de gueule de Pauline

Mauvais temps pour le cyclo-cross féminin... Dimanche dernier lors du Bretagne de La Mézière, Pauline Melaye ne s'est pas gênée pour dire haut et fort ce que beaucoup pensent tout bas : la sincérité est toujours une arme redoutable !

Pauline, Vous poussez un gros coup de gueule à l’issue du Bretagne ?
 

« Oui, tout à fait : un gros coup de gueule, nous les filles sommes obligées de disputer notre championnat avec les cadets.  Ces derniers  sont des  jeunes fougueux, qui nous gênent en course, nous ne pouvons pas nous exprimer comme nous le voudrions. Je juge que nous devrions avoir notre propre course, par exemple aujourd’hui (ndlr : dimanche à La Mézière) nous étions 23 filles au départ ; chez les juniors garçons ils étaient 30 et avaient leur propre course. La différence est vraiment minime et nous on nous colle avec un peloton de 43 coureurs. »

Vous demandez une course propre aux filles ?

« C’est ma demande : que nous les filles puissions avoir notre propre course et dans nos catégories respectives. Là nous sommes toutes reléguées dans la même : cadettes, juniors et élites. Il y’en  a marre !!! Ce qui me fait le plus mal, c’est de voir les gens qui s’investissent pour défendre les filles, qui se font remercier par des gens qui ne comprennent pas ou qui n’ont jamais fait du cyclo-cross. Ces personnes se battent pour nous, le résultat des courses, c’est qu’elles sont virées alors que ce ne que sont des bénévoles. Vous savez le cyclo-cross, c’est un monde très petit, tout le monde se connait et là je ne suis vraiment pas d’accord avec ce qui s’est passé. »

(Ndlr : Pauline fait ici allusion aux événements qui ont suivi le championnat du Finistère de Scaër)

Revenons à la course, comment s’est déroulée votre course ?

« Comme beaucoup de filles, j’ai été gênée par les cadets les plus faibles car nous partons derrière eux. Quand ils nous voient arriver, ils ne se rangent pas... Voire, quand on les double, ils s’intercalent entre nous, parfois ils nous redoublent. Bref, nous sommes en train de les esquiver alors que nous voudrions avoir notre propre course. »

Pensez-vous que cela ait perturbé votre championnat ?

« Je pense que oui car il faut être plus attentive mais ça ne fausse pas notre épreuve. Émeline et moi, nous nous sommes retrouvées devant et nous avons été gênées par les garçons. Pour ma part, j’aurais peut-être pu faire 2 à 3 efforts en moins et ainsi être présente en fin de course avec Emeline. Nous étions obligées de doubler les cadets en impulsion car c’était impossible sinon. Au final, nous n’avons pas à courir avec les cadets. »

Vous voulez le maillot réservé aux élites ?

« Oui, que ce soit les minimes fille, les cadettes et les juniors filles : chaque catégorie a un maillot sauf les élites dames. Chez les garçons, qu’on soit juniors ou élites, ils ont leurs maillots et ils ne courrent pas ensemble. Qu’on respecte les catégories d’âge pour les filles aussi !!! »

Quelle est votre demande ?

« Je demande qu’on fasse une épreuve réservée aux dames ouverte à chacune des catégories, avec un podium spécifique. Qu’on respecte aussi notre temps de course car ici nous n’avons couru que 30 minutes alors d’habitude notre temps de course est de 40 minutes. Qu’ils respectent eux aussi les règlements car ils le font ainsi pour le maillot, qu’ils le fassent également pour la durée de nos épreuves. Ce dimanche, il y avait de quoi faire un championnat de Bretagne de cyclo-cross dames entre 12h00 et 13h00. »

Vous voulez faire bouger les choses pour le cyclisme féminin en cyclo-cross ?

« Oui car le président du comité de Bretagne se dit le défenseur du cyclisme féminin auprès des instances fédérale et il nous répond qu’à la fédération les décisions sont prises ainsi. Qu’il agisse en notre faveur ! Aujourd’hui tout le monde se dit défenseur du cyclisme féminin et au final personne ne dit rien ou quand ils  font quelque chose, ils sont suspendus.J’ai donc profité de la tribune qui m’était offerte car c’était le jour J pour en parler et pour lancer le débat. C’était l’occasion de voir la réaction des spectateurs et là, sur le coup, ils étaient d’accord avec nous. »