Lanarvily VIII: l'attribution du mondial

La nouvelle fait les gros titres de la presse quotidienne du lundi 26 novembre 1979 : Lanarvily accueillera les championnats du Monde 1982 ! C’est un communiqué officiel émanant du comité de Bretagne qui annonce la formidable nouvelle : « Le bureau du comité directeur fédéral de la Fédération Française de Cyclisme a décidé (...) d’attribuer au Comité Régional de Bretagne l’organisation du championnat du Monde de cyclo-cross 1982. Cette épreuve aura lieu à Lanarvily. »

 

Castagne au Mingant !

Demandez aux Lanarvilysiens pourquoi et comment leur commune a été choisie pour accueillir le championnat du Monde 82 et vous obtiendrez fatalement des dizaines de variantes ! Laissez-nous vous conter, dans le détail, la fabuleuse version signée Jean Le Hir : à l’image du personnage, elle est truculente ! Dans les années qui précèdent l’attribution, Lanarvily met régulièrement les petits plats dans les grands et, nous l’avons vu, la course Finistérienne devient un rendez-vous incontournable. Tous les grands pontes s’y pressent et sont accueillis à bras ouverts par le comité des fêtes !

A la fin des années 70, Oubron et Marillier, respectivement patrons du cyclo-cross et du cyclisme français, sont reçus dans le Léon avec tous les honneurs dus à leurs rangs. Le samedi soir, en compagnie de nombreux invités triés sur le volet, ils sont conviés à un dîner officiel, à Lesneven. Au cours de la soirée, l’un des invités, organisateur de course dans le sud de la région, s’en prend violemment à Richard Marillier. Les deux hommes en viennent aux mains et il faudra l’assistance musclée de quelques témoins pour refouler l’agresseur ! Marillier, meurtris et furieux, quitte l’établissement en jurant que jamais il ne remettrait les pieds à Lanarvily ! Au grand dam de Jean Le Hir qui voit ses projets de championnat du Monde réduits à néant… Nous vous laissons imaginer la scène ! Le lendemain, affichant une mine d’enterrement, les officiels évitent soigneusement leur hôte du Mingant. Seule l’intervention d’un conciliateur du comité de Bretagne permet de résoudre la crise: Jean Le Hir n’est pour rien dans l’esclandre du soir, pas question de lui en tenir rigueur ! 

De part et d’autre, ce ne sont que plates excuses et invitations à dîner ! Le dimanche, la soirée se passe cette fois dans le plus grand calme… Ni cri, ni catch au menu… En fin de repas, Marillier se tourne vers Jean Le Hir, lui renouvelle ses excuses et, tout de go, lui demande ce qui pourrait lui faire plaisir. Fidèle à ses bonnes habitudes, Jean saisit la balle au bond et sollicite un championnat du Monde ! « Et bien, mon cher Jean, tu l’as ! » et s’en suit une poignée de mains des plus viriles ! C’est ainsi, selon la riche légende Lanarvilysienne - et selon Jean Le Hir - qu’une petite commune Bretonne aurait obtenue son championnat… Pour notre part, il ne nous viendrait même pas à l’idée de mettre en doute cette version des plus… Lanarvilysiennes !

La récompense

Plus sérieusement, l’attribution du championnat récompense surtout le gigantesque travail de toute une équipe de passionnés. Elle est aussi le résultat logique d’une intelligente politique d’occupation du terrain ! En moins de vingt ans, Lanarvily s’est fait un nom dans le petit Monde du cyclo-cross… La désillusion des championnats 80 et les années de travail sont oubliées : place à l’internationalisation de Lanarvily. Les déplacements à l’étranger, sur les différents sites de la course à l’arc-en-ciel, encouragent fortement les bretons : l’organisation n’est pas forcément plus lourde…

Seules les exigences financières de la fédération internationale ainsi que la lourde charge administrative rendent la préparation du championnat bien plus délicate ! Fidèle à ses habitudes, Jean Le Hir, n’hésite pas un seul instant, certain de la réussite des mondiaux de Lanarvily… Mais cette attribution, diversement appréciée au sein même du comité, entraîne d’ailleurs la démission d’un dirigeant de la première heure : pour certains, le projet semble délicat, le risque financier étant trop important ! A cet instant et avant même d’évoquer la réussite des mondiaux 1982, il convient de souligner, une fois encore,  l’incroyable engagement personnel de Jean Le Hir. Afin de couvrir son comité, il n’hésite pas un instant à hypothéquer son entreprise et sa ferme, rassurant ainsi de frileux banquiers qui, à l’époque, doutaient encore de la réussite de Lanarvily !

Gurvan Musset

A suivre...