La Ronde à Pleyben : pas une galette !

C'est à l'ombre de la grande tour de St Germain à Pleyben que se déroule ce samedi la 5e étape de la Ronde Finistérienne 2011. Et comme d'habitude, voici la présentation de l'épreuve par Alain Podeur, l'un des dirigeants de la Ronde. Quel style ! Rappelons que c'est le briochin Vincent Rouxel qui porte désormais le maillot jaune (photo de Véronique Pierre).

 

 A samedi, Monsieur l’Abbé Gorreg ! 

Je déambulais, voici trois jours, sur le trottoir d’une artère passante jouxtant la Place de la Liberté à Brest quand, soudain, tout à mes pensées, je tombais nez à nez (façon de parler !) avec le Sieur Jean-Yves Fichoux, l’hercule de Carman Coz en Kernilis. Nous poussâmes alors moult « Oh ! Jean-Yves ! Ah ! Alain ! ». Nos cris de joie, fort sonores, eurent le don d’attirer l’attention des nombreux badauds mais nous n’en avions cure.

 

Mon Kernilisien pure souche, grand mélomane par devant l’Eternel, m’apostropha gentiment en ces termes « Bonjour, mon cher Ami, je n’ai pas eu l’heur de vous voir l’autre soir en l’église Saint-Michel de Lesneven pour écouter le fameux Gloria d’Antonio Vivaldi, interprété par le chœur et l’orchestre de Paul Kuentz. Cette regrettable absence d’un inconditionnel du Chant des Chapelles tel que vous m’a laissé, avouons-le sans fard, un tantinet pantois et, pour le moins perplexe. Ah ! Les sopranos Kristina Vahrenkamp et Maryeult Wieczorek ! Elles m’ont littéralement envoûté ! Quel pied ! Quel régal ! » Et notre Jean-Yves se mit à chanter un « Gloria in Excelsis Deo » (Gloire à Dieu au plus haut des cieux) du plus bel effet, faisant se retourner une vénérable vieille Dame qui…se paya un réverbère !

 

« Vous m’excuserez, Monsieur le Mélomane, mais, en ce moment, je planche sur la commune de Pleyben où nous nous rendons samedi prochain, vous ne l’avez pas oublié je l’espère. Je vous parlerai une autre fois de Kristina et de Maryeult, natives respectivement de Saint-Rivoal et de Pedernec-Tréglamus si mes souvenirs sont exacts (Jean-Yves joignit ses mains et dodelina de la tête d’un air désabusé !). Vous, votre idole, c’est Paul Kuentz, moi, je vénère Benoît Quéro que je n’aurai pas l’outrecuidance de vous présenter, votre savoir étant sans limites. Je m’intéresse dorénavant «  aux Livres de pierre » ou aux calvaires si vous préférez, l’illumination de celui de Pleyben l’an dernier m’avait donné la chair de poule et je n’avais pas résisté au plaisir de fredonner ce soir-là « Au clair de la Lune/mon ami Quéro/prête nous ton laser/calvaire, comme t’es beau/de toute la France/nous sommes arrivés/repartis en transes/vraiment subjugués ». Pleyben fait partie, mon cher, de l’Association des sept calvaires monumentaux de Bretagne et qui regroupe le sien, bien entendu, mais aussi ceux de Guehenno (56), Guimiliau, Plougastel-Daoulas, Plougonven, Saint-Jean-Trolimon et Saint-Thégonnec. Gloire à vous, Guillaume Kerleroux et Yvon Oliva, sublimes maîtres-piqueurs de pierre de Pleyben, vous avez mis huit ans à construire cette merveille, achevée en 1640, soyez loués à jamais », lançais je avec emphase.

 

Un guttural « Gloria in Excelcis Deo » retentit dans l’estaminet (nous ne serions quand même pas restés dehors à admirer les jets d’eau devant la Mairie !) et l’un des habitués du lieu sursauta tellement qu’il recracha un excellent breuvage, son verre allant se briser sur le sol, au grand dam du patron qui toisa notre mélomane d’un air furibard. 

 

 

Indifférent à l’ire de ce personnage au visage un peu patibulaire, je m’adressais de nouveau à mon ami de Carman Coz « Je pourrai aussi vous parler, des heures durant, du petit calvaire érigé près du Circuit de Croas-ar- Gorreg où  la 5è Etape de la Ronde Finistérienne se déroulera samedi. Ah ! L’Abbé Gorreg ! Vous n’êtes plus de ce monde, mais je ne vous oublie pas, vous savez, lançais-je avec un air de circonstance. « Requiem aeternam dona eis, Domine » (Donne- leur le repos éternel, Seigneur), osa notre colosse en réglant l’addition et rajoutant, le verbe haut et le port altier « C’était du Giuseppe Verdi, tenancier ». Rassuré de me retrouver à l’air libre, je détaillais à mon orfèvre en la matière la liste des engagés à Pleyben « Vincent Rouxel, le Jason Briochin, voudra conserver sa Toison d’or et il s’en donne les moyens, le bougre, avec dans ses bagages l’expérimenté Stefan Ravaleu et le très prometteur Maxime Cam. Côtes d’Armor Marie Morin a délégué trois artificiers de gros calibre avec Joseph Cooper en personne, Yoann David et Régis Geffroy. Fabien Sidaner et Matthieu Jeannes (BIC 2000) n’ont pas l’habitude de subir, pas plus d’ailleurs qu’Erwan Guianvarc’h (HC) ou Loïc Tallot, le missile du VCP Lorient. Maël Nivinou (ACL 56) trouvera matière à s’exprimer sur un parcours ô combien usant et nous suivrons avec intérêt les prestations des jeunes pleins d’avenir tels Loïc Jamet et Steven Martin (Sojasun), Stevan Massé (LEQ), Erwan Goasguen (ECL) et, bien sûr, le Champion  du Monde Juniors Olivier Le Gac (VS Plabennec) qui… » Mon Jean-Yves sursauta à l’évocation de ce nom, leva le pouce vers le haut et fredonna ces simples mots « Ite, missa est » (la messe est dite). Un conseil, si vous rencontrez le mélomane Kernilisien samedi à Pleyben, chantez lui un psaume en Latin, il vous en sera éternellement reconnaissant.

 

Alain Podeur membre du bureau de la RONDE