Julien Simon : amicalement vôtre

Julien Simon est indiscutablement l'un des coureurs les plus sympathique et affable du peloton. Il est discret et d'une grande gentillesse, mais ne vous y trompez pas, il a la mentalité d'un gagneur. Il s'est confié à Sportbreizh en toute sincérité avant son départ pour l'Espagne, un pays qui lui rappelle de bons souvenirs.

 

Julien l'a prouvé à plusieurs reprises et de fort belle manière, il sait répondre présent lorsqu'il se fixe des objectifs. C'est un coureur qui a de la classe ! Le natif de Rennes a pris de l'ampleur et a su,  ces dernière années, emmagasiner un capital confiance. Fidèle à Stéphane Heulot, son mentor depuis ses débuts, il a dû cette année se résoudre à changer d'équipe pour les raisons que l'on connait. C'est sous ses nouvelles couleurs de l'équipe Cofidis qu'il a débuté ce qui est déjà sa septième saison professionnelle. 

Julien vous avez débuté la saison sous vos nouvelles couleurs chez Cofidis avec, déjà, une sixième place encourageante lors de la Marseillaise. Vous avez aussi participé au Challenge de Majorque. Pouvez-vous nous dresser un petit bilan?

« J’ai rejoint Cofidis cette année et depuis les stages et les premières courses je me sens bien intégré dans l'équipe. Cette sixième place m'a fait plaisir. Quand à ma prestation sur le Challenge de Majorque, je suis un peu déçu car je pensais faire un faire un résultat. Les deux premiers jours, je savais que ce n'était pas pour moi donc je me suis sacrifié pour Adrien Petit au sprint. Je misais beaucoup sur les deux dernières étapes car lors de ma dernière participation, il y a deux ans, j'avais terminé dans les dix et quinze premiers. A la dernière étape, j’ai été frustré car lors de la dernière ascension j'ai basculé dans le premier groupe et je me suis fait lâché bêtement dans la descente et je n'ai pas pu recoller par la suite, c’est la course. Le point positif c'est qu'à aucun moment je n'ai été en difficulté dans les cols et ça, c'est plutôt rassurant. J'ai même rallongé après la course pour faire mes deux cent kilomètres. Cette année, j'ai besoin de retrouver le chemin de la victoire, ce qui m'a fait défaut l'année passée. »

Vous aviez quand même fait une bonne saison 2013 ?

« Oui mais il manquait la victoire. Je n'étais pas trop mal physiquement. J'ai mis du temps à digérer ma saison 2012 qui était en fait ma première saison pleine, sans blessures ou autres problèmes, avec cinq victoires et un premier Tour de France. Au début de l'année dernière, j'ai eu du mal à mettre en route car j'avais dû beaucoup couper, j'avais besoin de me régénérer pendant l'hiver. Cette année, j'espère que le fait d'être dans une nouvelle équipe va me donner des ailes et que je pourrai gagner rapidement. Peu importe la course, je ne vais pas faire le difficile, la victoire est l'objectif numéro un. »

Vous avez pris de l'ampleur au sein du peloton professionnel donc forcément on attend beaucoup de vous cette année chez Cofidis ?

«  Yvon Sanquer compte sur moi pour gagner des courses. Cela met forcément un petit peu de pression, mais je sais que la saison est longue. Ce n'est encore, entre guillemets, qu'une mise en route et je pense que les sensations vont encore s'améliorer lors de mon prochain périple en Espagne à la Ruta del Sol cette semaine. J'espère ainsi concrétiser tout le travail effectué cet hiver et la semaine dernière à Majorque. Je voudrais passer un cran au-dessus et l’objectif est de pouvoir jouer la victoire sur certaines étapes en Andalousie. 

Quand on vous côtoie, on perçoit une grande gentillesse et beaucoup de sérénité et en course vous arrivez à vous transcender. Comment faites-vous ?

« Je suis quelqu'un de simple, discret et réservé et j'essaie de faire mon métier le mieux possible. En règle générale, je ne suis pas trop stressé, ce qui me permet de garder toute mon énergie pour la course. Quand je me fixe des objectifs, il peut arriver que je sois un peu plus tendu. Je suis dans ma bulle, je suis focalisé sur la victoire et il est clair que je ne me laisse pas faire. »

Comment cela se passe pour vous à l'entrainement, aux niveaux pratique et technique?

« Comme j'habite à Lamballe, j'ai la chance d'avoir pas mal de coureurs avec qui m'entrainer. Je roule souvent avec Sébastien Hinault, Cyril Gautier, Arnaud Gérard, Fabrice Jeandesboz, David Le Lay mais aussi parfois avec des coureurs amateurs. C'est un confort et un avantage, cela peut créer une émulation. J'aime la convivialité et profiter des beaux paysages, je ne conçois pas le vélo autrement.

Au niveau technique je roule avec un SRM depuis quelques années maintenant, c'est très important. Avant on utilisait le cardio-fréquences-mètres mais parfois le cœur monte moins avec la fatigue et c'était plus difficile à gérer. Maintenant j'ai un planning d'exercices quantifiés en watts, je ne m'occupe pas du cœur et je travaille beaucoup plus en qualité et pour progresser c'est très important. Je trouve super que Cofidis nous équipe aussi de SRM, c'est un confort appréciable pour faire son métier de la meilleure des façons, d'autant plus que nous travaillons avec Vincent Villerius qui est vraiment un bon dans ce domaine : il passe des heures à analyser les fichiers SRM et affiner les exercices. »

Souhaiteriez-vous voir des améliorations au niveau matériel ?

« Au niveau du matériel, je suis vraiment pas difficile, sauf en cas de gros problème, les mécaniciens pourraient le confirmer. Je trouve que l'on a beaucoup de choses maintenant. Si l'on me donne un vélo et que les roues tournent bien, que cela freine, cela me va (rires). Il y a toujours des choses à inventer mais je suis déjà très satisfait de ce que j'ai. »

Cette année il y a vingt-deux coureurs professionnels bretons dans le peloton, c'est énorme. Comment l'expliquez-vous?

«  La Bretagne est une terre de cyclisme, il y a toujours eu des bons coureurs avec évidement Bernard Hinault pour ne citer que lui. Il y a beaucoup de courses et la foule se déplace en masse, c'est un peu comme en Belgique. Quand on voit le monde qu'il y a au Grand Prix de Plouay ou à Plumelec, je pense que cela donne envie aux jeunes de faire du vélo et forcément parmi eux, il y en a qui ont du talent et qui par la suite passent professionnels. »

Quand on est coureur cycliste, on est souvent en déplacement et parfois longtemps. Comment le vivez-vous, ainsi que votre entourage ?

« Cela fait partie du métier, il arrive parfois que cela soit un peu difficile de quitter sa famille. Nos épouses savent ce qu'il en est. C'est très important d'être avec une personne qui comprend, c'est la base de tout. Pendant l'hiver, on a la chance d'être à la maison assez longtemps cela compense un peu. Je peux dire que cela se passe quand même bien, avec la technologie on peut communiquer et se voir facilement, même de l'étranger avec internet, c'est réconfortant. »

Quelle vont être les grandes lignes de votre saison?

« Après La Ruta del Sol, si tout va bien, je ferai la Classic Sud Ardèche et La Drôme Classic. Si l'équipe est sélectionnée, je ferai Le Tour de Catalogne et le Pays Basque, dans le cas contraire je serai peut-être dans la présélection pour Paris-Nice. Un des objectifs de la saison sera d'être bien pour les classiques Ardennaises et de continuer à progresser. Après une période de récupération, je vais essayer de faire le Tour de France où j'y ai pris plus de plaisir en 2013 et viser une victoire d'étape. »

 

Interview de Patrick Guino à Majorque, pour Sportbreizh.