Interview de Hossein Alizadeh, vainqueur de l’UCI Asia Tour 2012

Et surtout une, le Tour of Qinghai Lake, en China. Le grimpeur offre à son équipe Tabriz Petrochemical un troisième succès individuel en trois ans. Alizadeh espère à présent s’engager pour une équipe européenne, à l’image de son compatriote Mehdi Sohrabi, précédent lauréat de l’UCI Asia Tour et coureur cette saison chez Lotto-Belisol.

 

Que vous inspire votre victoire finale dans l’UCI Asia Tour 2011-2012 ?

 

Je suis très heureux… Non, plutôt, je me ses comme sur un nuage ! J’ai vérifié angoissé la mise à jour des classements sur le site de l’UCI, en rentrant de la dernière course de la saison, le Tour de Brunei [le Brunei Butra Heidelberg Cement Tour]. Soudain j’ai pris conscience que j’avais remporté le titre. Pendant quelques jours, j’ai été dans un autre monde !

 

Vous gagnez en effet le classement final d’extrême justesse: 1,67 point d’avance sur l’Allemand Stefan Schumacher. La dernière ligne droite était-elle stressante ?

 

En effet, je n’étais pas trop confiant. Sur l’avant-dernière course au calendrier, le Tour de Chine, Stefan Schumacher a pris de nombreux points et je pensais qu’il était en mesure de me battre. Il fait partie de ces coureurs qui inspirent la crainte. Il était mon dernier adversaire, et le plus dangereux, mais j’ai dû également me méfier de Kom Po Wong (Hong Kong, Chine) et de Taiji Nishitani (Japon).

 

L’UCI Asia Tour constituait-il un objectif pour vous en début de saison ?

 

Je voulais figurer dans le top 3 individuel. Je croyais en mes possibilités mais j’ai commencé la saison avec de la malchance : je me suis blessé sur le Tour de Langkawi, au mois de février, et j’ai manqué pas loin de dix courses. Petit à petit j’ai perdu espoirs dans ma capacité à remplir mon objectif… Cette année, je n’ai couru qu’une demi-douzaine de compétitions ! J’étais très bien préparé et je débordais de motivation mais, outre ma blessure, j’ai dû faire avec les contraintes financières de mon équipe, qui ne peut pas disputer autant de courses qu’elle le voudrait.

 

Le 21 juin, vous remportez la course en ligne des Championnats d’Iran. Etait-ce une victoire difficile à décrocher ?

 

C’était une course très difficile. Nos deux coureurs membres d’équipes UCI WorldTour, Mehdi Sohrabi (Lotto-Belisol) et Amir Zargari (AG2R-La Mondiale), sont revenus au pays à ce moment-là dans l’intention de gagner. Pour ma part, je prenais le Championnats comme une préparation pour le Tour of Qinghai Lake. J’avais aussi un avantage certain : la course se disputait dans ma ville d’origine, Tabriz, au nord-ouest de l’Iran. C’est une ville entourée de montagnes, qui a produit quelques grimpeurs comme moi. Mais je peux aussi me montrer rapide dans des petits groupes : à l’arrivée du Championnat, j’ai battu au sprint Amir Zargari et Hamed Jannat.

 

Trois semaines plus tard, vous prenez la tête de l’UCI Asia Tour grâce à votre succès dans le Tour of Qinghai Lake. Comment construisez-vous votre victoire en Chine ?

 

Sur l’étape 3, j’ai attaqué avec Nino Corredor dans un col hors catégorie mais nous avons été rattrapés. Après, nous avions une descente de 70 kilomètres sous la pluie. C’était mon jour : j’étais le plus rapide dans le groupe de dix-douze coureurs. J’ai remporté l’étape et pris la tête du classement général pour neuf secondes. J’ai gardé le maillot de leader pendant neuf jours grâce au travail remarquable de mes coéquipiers. J’ai les cheveux qui se hérissent aujourd’hui encore quand je repense au travail qu’ils ont fait pour moi. Donc, le Tour of Qinghai Lake était un miracle. Ma chance était revenue, et je venais de prendre les rênes de l’UCI Asia Tour.

 

Toutefois, vous auriez souhaité un parcours plus montagneux…

 

C’est exact. Le Tour of Qinghai Lake est une super épreuve mais elle ne comporte pas d’arrivée au sommet. En tant que grimpeur, j’ai eu du mal à conserver mon maillot et j’ai dû me battre dans les sprints de bonifications. J’espère que les organisateurs vont ajouter une arrivée au sommet en 2013.

 

Qu’est-ce que la victoire dans l’UCI Asia Tour représente à vos yeux ?

 

Je suis fier d’un tel honneur. Je confirme la domination des coureurs iraniens et de l’équipe Tabriz Petrochemical. J’ai montré ce que je savais faire. Je voulais ouvrir un nouveau chapitre de ma carrière et j’y suis parvenu. Maintenant, mon regard est tourné vers l’Europe.

 

Vous avez déjà couru quelques fois en Europe. Comment était-ce ?

 

En 2006, j’ai roulé sur route et sur piste en Belgique. Puis en Italie, en 2008. Dans le même temps, je travaillais dur pour mes études et je n’ai donc pas pu m’investir suffisamment dans le cyclisme. J’ai quand même réussi à finir deuxième d’une étape et neuvième au classement général du Tour of Qinghai Lake en 2010, pour ma première participation.

Qu’attendez-vous de la prochaine saison ?

 

J’espère recevoir la proposition d’une équipe européenne. Si je peux trouver l’opportunité, je vais pleinement la saisir. Il ya très peu de courses qui conviennent aux grimpeurs dans l’UCI Asia Tour. J’espère avoir ma chance en 2013, sinon ce sera en 2014. Mon rêve est de devenir le premier Iranien à courir le Tour de France

 

Copyrights: Text: UCI Communication Department/Ali Abdolzade (Tabriz Petrochemical Team)

 

Picture: Mike Murano/Cycling Asia/UCI