Après huit années passées chez les pros, le jeune capitaine de route d’un Team Véranda Rideau ambitieux s’est imposé au sprint devant l’Australien Robinson et le Provençal Thomas Rostollan au terme d’une épreuve qui a vécu de multiples rebondissements. Toute la journée en effet, Freddy Bichot et les siens se sont multipliés sur le front de l’attaque. En pure perte dans la plaine de l’Ampurdan aux reliefs peu propices à la création d’écarts, mais quand le peloton obliqua vers la côte on vit les hommes au maillot noir en majorité à l’avant de la course. Une première fois sorti avec Rey (Entente Sud-Gascogne) et Goutille (Martigues), Bichot poursuivit seul dès la sortie de Lanca tant il se sentait des fourmis dans les jambes.
Mais chez ce père de famille discret l’intelligence prit le pas sur l’ambition. Et c’est avec sagesse qu’il leva le pied remettant à plus tard ses desseins de succès. Après Port-Bou, le futur vainqueur n’en pouvait toutefois plus d’attendre et il repartit à l’avant de plus belle. Seuls pouvaient le suivre Lebas (AVC Aix) et deux coéquipiers : Malle et Plouhinec, ce dernier admirable, pour sa réapparition dans le peloton après un grave accident et qui méritait le prix de la combativité. Seulement la ficelle était trop grosse pour le peloton pourtant passablement dégraissé par le passage à répétition de côtes qui agissait comme un terrible laminoir. S’ils n’étaient plus très nombreux à pouvoir lancer la poursuite derrière le quatuor, un bras-de-fer s’engagea férocement sur la route du retour à Perpignan. Jamais crédités de plus d’une quarantaine de secondes, les trois coureurs de Véranda Rideau roulaient pour quatre afin de vendre chèrement leur chance.
Mais bientôt la chasse s’organisa un peu plus encore à l’initiative principalement du Team U-Nantes-Atlantique fort de quatre représentants et de l’Armée de Terre qui comptait deux hommes, Guyot et Alaphilippe, évidemment prêts au combat. A dix kilomètres de l’arrivée, tout était finalement à refaire et le Circuit Méditerranéen 2011 conservait tout son suspens. Oui, mais voilà, quand Freddy Bichot a décidé quelque chose, il s’y tient jusqu’au bout. Et c’est encore lui qui anima de nouveau une offensive aux portes de Perpignan avec Robinson et un duo venu de Nantes : Charrier-Robinson. Après avoir longtemps ruminé une défaite annoncée dans les kilomètres précédants, ces derniers semblaient d’un seul coup en situation favorable après un des ces renversements de nature dérouter les meilleurs tacticiens. Alors quant à trois cent mètres de la ligne d’arrivée. Charrier s’écartait pour laisser la voie libre à Robinson, on pensait que c’était pain béni pour l’Australien, mais c’était Bichot qui jaillissait sur la gauche pour s’imposer nettement. En vingt-quatre heures, les Courses au Soleil permettaient à deux garçons, aussi différents l’un de l’autre que la couleur de leur maillot de club, d’entamer la nouvelle saison cycliste sous les meilleurs auspices. On n’en demandait pas plus dans leur équipe respective.
Freddy Bichot « Une année pour voir »
Quand on a la trentaine, des milliers de kilomètres au compteur après huit années passées chez les pros (Française des Jeux, Agritubel, Bouygues Télécom) , et autant chez les amateurs, ce n’est pas un succès obtenu au printemps, fut-il aussi prestigieux qu’une victoire au Circuit Méditerranéen, qui fait oublier les réalités de la vie. Très entouré après son succès, Freddy Bichot ne versait pas spécialement dans l’euphorie. « Je me suis donné une année pour faire le point. Je verrai d’ici quelques mois l’orientation définitive que je souhaite donner à ma carrière. Je peux rester dans le vélo comme je peux m’en éloigner. J’ai un enfant, un garçon de quelques mois, que je voudrais voir grandir. Je pouvais rester chez les pros mais j’ai jugé que les conditions que l’on m’offrait pour y rester ne convenaient pas avec l’idée que je me fais de l’exercice de ce métier. Alors, j’ai préféré accepter le projet que m’ont proposé les responsables du team Véranda Rideau : servir de capitaine de route à une équipe qui compte des jeunes de talents. Si je peux aider l’un ou l’autre, je m’estimerais heureux pour lui. » Freddy Bichot n’est donc pas fâché avec le milieu pro. Mais tant qu’il pédale encore, on ne l’empêchera jamais de viser la victoire pour son compte personnel. Quand on a toujours gagné des courses (10 chez les pros), on ne se refait plus.
Service de Presse « Courses au Soleil »
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