Christophe Balannec : "après un cancer, vous relativisez !"

Liévin, c’est sa première sélection en équipe de France depuis plus de trois ans ! Christophe Balannec est revenu au niveau, non-pas celui qu’il aurait pu atteindre sans ses nombreux soucis de santé (rupture des ligaments croisé, mononucléose, cancer de la thyroïde) mais un niveau suffisant pour prétendre à une sélection en bleu à la Coupe du Monde de Liévin ce dimanche.

Christophe, dans quel état d’esprit abordez-vous cette manche de Coupe du Monde ?

"Je suis assez serein, je sais ce que j’ai à faire, la seule chose que me chagrine c’est que je n’ai pas beaucoup de points UCI, j’en ai raté un certain nombre dimanche dernier, du coup je partirai assez loin, mais ce n’est pas grave, je monte dans le nord de la France, le couteau entre les dents !"

On vous sent très motivé par cette course !

"Oui, c’est vrai, j’ai faim, ça fait 3 ans que je suis à la diète, une diète terriblement longue. Désormais, je mesure le temps perdu, je me rends compte de toute cette perte de temps. Je sais ce que je veux et je suis loin d’être rassasié."

Ça ne vous fait pas trop peur de reprendre le départ d’une Coupe du Monde ?

"Non, pas du tout ! Comme je vous l’ai dit, je suis animé par beaucoup d’envie, et puis, il y quelques jours j’étais en Belgique à me bagarrer avec les meilleurs espoirs mondiaux. Même si je ne suis pas encore à leur niveau, j’ai envie de bien faire. Cyrille Guimard m’a donné sa confiance, je veux lui montrer qu’il n’a pas eu tort. Idem pour Pierre-Yves Chatelon, je ne vais pas à Liévin pour les décevoir !"

On sent que vous avez changé…

"Oui, j’ai vieilli, j’ai mûri aussi, mais c’est vrai que je n’ai jamais eu autant de motivation. J’ai été très affecté pas ma défaite à Quelneuc, c’était très dur à vivre. J’attendais cette course depuis si longtemps, je me sentais bien, j’ai fait des erreurs… Avec Cyrille, on les a analysées et je ne les referai plus. Et puis vous savez, je relative beaucoup plus les choses désormais : lorsqu'on vous annonce que vous avez un cancer à 20 ans, c’est inimaginable, ça a été dur, pour moi et pour tout mon entourage. Alors maintenant, je ne veux plus rien rater et surtout pas me dire « si j’avais sû… »"

Quel est votre objectif pour dimanche ?

"Dans les 20 c'est sûr, dans les 15, je l’espère ! Mais ce sera compliqué car mon placement sur  la ligne de départ ne sera pas idéal… Et puis, il y a une sélection qui me tient à cœur : le mondial en Belgique, ce serait magnifique. Je voudrais le vivre de l’intérieur ,en course avec le maillot de la France sur le dos. A peine 1 an après mon cancer ce serait beau mais il faut le mériter et ça passe par Liévin !"

 

Propos recueillis par David Chemillé