La Bretagne d’Ange Roussel, c’était au siècle dernier, là, on vous parle de Terengganu, état de la côte Est de Malaisie, et de Sébastien Duclos, 41 ans, ancien coureur du VC Pontivy et disciple du « sorcier ». Nous l’avons retrouvé au Tour de Malaisie (Jelajah Malaysia) où ses protégés viennent de remporter trois étapes sur cinq.
« Ange habitait à huit kilomètres de chez moi, rappelle-t-il. Il passait tous les jours à l’hôtel-restaurant que tenaient mes parents, Le Villeneuve, à Noyal-Pontivy, où il a organisé de nombreux stages. C’est lui qui m’a présenté à Michel Thèze, qui cherchait un entraîneur-assistant au centre mondial de l’UCI. Puis Michel a fait ma formation cycliste. »
Duclos a lui-même contribué à la formation de Chris Froome, Ramunas Navardauskas, Daniel Teklehaimanot et Rafaâ Chtioui, l’ancien d’Europcar qui a remporté la première course par étapes internationale de sa carrière avec ce Tour de Malaisie (inscrit en catégorie 2.2 comme le Tour de Bretagne). En 2006, il a eu un premier contact avec le cyclisme asiatique en coachant la sprinteuse chinoise Guo Shang aux Jeux Asiatiques à Doha (Qatar). Puis l’UCI l’a envoyé en Thaïlande pour entraîner l’équipe nationale en 2009. Il n’en est jamais revenu, hormis pour les fêtes de Noël.
Il est réclamé à Taïwan (où il a dirigé l’équipe CCN au début de cette année), en Indonésie (où il a enseigné le cyclisme à des juniors de l’équipe Pegasus l’été dernier), en Iran (où il a décliné l’invitation, faute de garanties sur l’éthique), mais là où il passe vraiment pour le nouveau sorcier de Remungol, c’est en Malaisie, à la tête de l’équipe continentale Terengganu Cycling Team qu’il a menée au titre de champion de l’Asia Tour 2012. Un peu comme Alex Dupont au Stade brestois, il a perdu sa place, à la fin 2013 (à cause de sombres manœuvres politiques) mais l’a retrouvée au 1er octobre dernier.
Sans lui, en neuf mois, Terengganu n’a obtenu qu’un podium, par un mercenaire hollandais au Tour de Thaïlande. Depuis qu’il a repris en main l’entraînement des Malaisiens, il a redressé la barre : une place de troisième au Tour de Taihu en Chine (Harrif Salleh), une place de troisième et une victoire d’étape au Tour de Sharjah aux Emirats Arabes Unis (Adiq Othman et Harrif Salleh), trois victoires d’étapes au Tour de Malaisie (Zamri et Harrif Salleh).
« Il a fallu tout reprendre de zéro, raconte-t-il. Physiquement et mentalement, ils n’étaient plus des coureurs cyclistes. J’ai eu dix-sept jours pour les remettre en route. En Asie, le bonheur d’un coach est de pouvoir faire progresser énormément les coureurs. » Et de les faire courir en décembre par 30° à l’ombre. Il y a pire comme job et comme environnement…
Jean-François Quénet
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