Berthou change de casquette

Retour sur la carrière d'Eric Berthou qui a décidé de raccrocher ! Le coureur finistérien devient l'un des DS de l'équipe Raleigh. Il évoque ici une carrière qui l'a mené de Bretagne en Afrique du sud via l'Italie ou encore la Grande-Bretagne et l'Espagne !

Eric, vous raccrochez le vélo : ce choix était-il prémédité ?

« Durant l’été, la team-manager Cherie Pridham m’a proposée de la rejoindre à la direction de l’équipe Raleigh. J’ai saisi l’opportunité de franchir le pas en acceptant sa proposition comme team manager : ça va être un nouveau challenge pour moi. En outre, c’est pour ça que je n’ai pas disputé le Tour d’Angleterre en septembre. Il m’aurait été impossible de concilier l’entrainement et la préparation de l’équipe 2014. »

Serez-vous DS sur les épreuves françaises ?

« La priorité de l’équipe est d’abord le programme britannique, avec les épreuves "Premier Calendar" ou les Tours Séries mais nous serons aussi présents en France. Ainsi, j’assurerai la direction sportive sur des épreuves comme le Tro Bro Leon ou le Tour de Bretagne. Nous envisageons même de recruter trois ou quatre coureurs français. »

L’an prochain quelle sera l'ambition de Raleigh ?

« Chez Raleigh, tout est bien ficelé et nous avons un projet à long terme. Par exemple, nous resterons en continental l’an prochain avant d’envisager un passage à l’étage supérieur. Ne grillons pas les étapes. »

Vous quittez une profession que vous avez exercée pendant onze ans, quelle a été la  meilleure équipe pour vous ?

« Sans aucun doute, mon passage au sein de l’équipe espagnole Caisse d'Épargne-Illes Balears en 2006/2007 : j’y ai côtoyé des coureurs comme Alejandro Valverde, José Iván Gutierrez, Joaquim Rodriguez sans oublier Florent Brard ou Nicolas Portal. Ce fut deux belles années avec des leaders qui n’avaient pas peur de se mettre aux services des autres. »

Quel est le meilleur souvenir de votre carrière professionnelle ?

« Paradoxalement, mon meilleur souvenir aurait pu être un de mes pires souvenirs. C’est mon Tro Bro Léon 2012 ou je me retrouve seul en tête à moins de 20 kms de l’arrivée : j’étais devant mon public et il y avait une ferveur voir une communion avec le public présent. Malheureusement, j’ai connu la fringale dans les derniers kilomètres mais je n’ai aucun regret. »

Et votre pire souvenir ?

« Ma désillusion sur le Tour de Bretagne 2012 où pour une histoire de règlement, je perds le classement général au nombre de place. C’est l’un des pires moments de mon métier avec ma non-sélection pour le Tour de France 2008 qui partait de Brest. J’étais 1er remplaçant au sein de l’équipe du Crédit Agricole. »

Vous avez aussi connu deux équipes qui s’arrêtaient (RAGT Semences et Crédit Agricole) : comment ressentez-vous le contexte économique actuel dans le monde du vélo ?

« Par exemple, l’arrêt de l’équipe Sojasun me ramène en arrière car il y a quelques coureurs de cette formation qui étaient au sein du Crédit Agricole en 2008 : Jimmy Engoulvent, Jonathan Hivert, Cyril Lemoine, Jean-Marc Marino, Maxime Médérel, Rémi Pauriol, Julien Simon et Yannick Talabardon. Du jour au lendemain, nous nous sommes trouvés sans équipe mais dans un contexte économique moins difficile qu’aujourd’hui. Je suis attristé par cette situation et beaucoup de gars vont rester sur le carreau. Notre sport est pourtant un sacré vecteur de communication pour les décideurs, c’est leur marque qui est mise en avant, a contrario des sports collectifs. » 

Photos :Bénédicte Front