Le Grand Prix de Plumelec arrive à grand pas, quel est votre état de forme à quelques heures de ce grand rendez-vous ?
"La forme n’est pas exceptionnelle et je vais dire que je suis plus en préparation des championnats de France que du Grand Prix de Plumelec mais maintenant cette course, c’est un passage obligatoire pour ce qui est de la Coupe de France. Et puis c’est une course qui me tient à cœur car elle se déroule sur mes terres et le mental surpasse le physique pour cette course."
Vous avez réalisé un très bon début de saison avec une victoire en Coupe de France et vous détenez le leadership de cette même Coupe après 4 manches
"Ce n’est pas forcément cela que je retiens le plus, même si ma victoire à Cholet en mars dernier reste en mémoire car cela reste une course UCI qui m’a permis de prendre des gros points. C’est surtout mes places sur les épreuves de Coupe du Monde qui me satisfont le plus car je n’avais jamais fait ça encore. Je sens que j’ai passé un cap et que je suis capable maintenant de rivaliser au niveau international"
Qu’est ce qui explique ce changement de palier ?
"Concrètement, aujourd’hui je ne fais que du vélo, à 100% , ce que je ne faisais pas avant. J’ai un travail qui me permet vraiment de m’exprimer dans mon entraînement et dans les compétitions et forcément il n’y a pas de secret. Lorsque l’on s’entraîne, que l’on récupère bien et que l’on arrive à faire des courses qui nous conviennent et cela sans contrainte, ça va tout de suite mieux."
Peut-on dire que vous êtes pro... ou presque ?
"Oui voilà, je suis pro mais je ne suis pas payée par mon équipe et je ne vis pas du cyclisme."
Est-ce un problème pour vous ?
"C’est certain que c’est un problème pour les Françaises. Peut-être pas toutes les Françaises car il y en a quelques-unes à l’étranger qui sont salariées. Maintenant, pour 99% des Françaises, on ne peut pas vivre du vélo à 100%."
Ce Grand Prix de Plumelec, vous l’abordez comment alors que vous êtes leader de la Coupe de France et que cette épreuve est organisée sur vos terres en Bretagne ?
"Vendredi, je prendrai le départ de cette manche de la Coupe de France sans penser que je suis leader. Je partirai pour gagner. Je pense que l’un va avec l’autre car si je gagne à Plumelec, je reste leader. Maintenant, je ne prendrai pas non plus le risque de perdre mon maillot si je me retrouve dans une situation qui ne me permette pas de gagner... Si je peux sauver mon maillot, je prendrai cette option-là mais je vais au départ à Plumelec avec un mental de vainqueur."
Vous serez d’ailleurs deux Bretonnes sur la ligne de départ avec pour l’une le maillot rose de leader de la Coupe de France et pour l’autre le maillot blanc de meilleur espoir !
"Oui c’est vrai qu’avec Aude Biannic on se charrie pas mal la dessus depuis le podium du Grand Prix Fémin’Ain d’Izernore. Aude m’a dit qu’elle venait à Plumelec pour gagner et moi je lui ai dit pareil. Mais là, je lui ai dit qu’il y allait y avoir un problème car il n’y a qu’une place sur la plus haute marche du podium. On n’est toutes les deux pareilles, on a envie de gagner sur nos terres, alors évidemment ça nous réserve une grosse bagarre."
Vous étiez au départ l’an passé à Plumelec. Que retenez vous de votre première participation ?
"L’an passé, je n’avais pas du tout les mêmes sensations que cette année. J’y étais allée avec pas mal de pression sachant que je n’avais pas le niveau pour gagner. Cette année, j’y vais plus sereinement déjà car j’ai le maillot de leader sur les épaules. Il est toujours plus difficile d’aller chercher un maillot que de le défendre donc j’y vais vraiment cool. Le circuit me convient, j’estime que je passe mieux les bosses que par le passé donc j’y vais sans pression… On verra bien: ça passe ou ça casse comme on dit."
Il y aura ensuite après ce Grand-Prix de Plumelec le rendez-vous du Championnat de Bretagne. Vous y serez ?
« Oui j’y serai ! C’est aussi un circuit difficile et on va retrouver à peu près la même bagarre qu’à Plumelec avec Aude. Je vais disputer ce championnat car j’estime que c’est toujours bien d’être championne de Bretagne, c’est un symbole ici, que ce soit pour les gars ou les filles, le titre régional est important et puis c’est un circuit difficile qui me permet de préparer les futures échéances."
N’est-il pas dommage ensuite de ne pas pouvoir porter ce maillot de championne de Bretagne comme c’est le cas dans les autres catégories ?
"Ce maillot de championne de Bretagne, je l’ai porté cette année à deux reprises sur les épreuves de Calan et Crac’h. J’avais la tenue de championne de Bretagne que le VCP Loudéac m’a fait mais maintenant il ne m’est plus possible de porter ce maillot ou celui de mon club lorsque l’on est licenciée dans une équipe UCI. Je n’ai donc plus le droit de courir avec le maillot de Loudéac cette année, ça vient de se mettre en place et c’est dommage car mon équipe UCI ne me fera pas de maillot de championne de Bretagne. C’est vrai que l’on a donc pas la possibilité de montrer ce maillot alors que l’on aimerais que ce soit le contraire."
C’est le désavantage d’avoir le statut pro…
"Oui en fait on nous impose des règles comme chez les pros garçons alors que l’on n’a pas du tout les mêmes conditions de travail. C’est un peu ridicule mais c’est comme ça, il faut accepter…"
Après ce championnat de Bretagne, place au Championnat de France où vous n’aurez pas de titre de championne de France à défendre !
"Oui, voilà je n’ai pas de titre à défendre puisque je ne suis plus espoir donc pas de pression là dessus. Maintenant, j’y vais clairement pour gagner car je sais que cela restera déterminant pour la sélection pour les Jeux Olympiques. Il n’y a donc pas le choix : il faut faire un truc obligatoirement pour pouvoir prétendre à une place en équipe de France à Londres."
Ce circuit des jeux, vous l’avez reconnu en février dernier. Qu’en pensez-vous ?
« Honnêtement, ça ne me convient pas du tout et je pense que ce circuit ne convient à aucune fille présélectionnée pour les JO. Nous aimons toutes les circuits difficiles. Cela peut donc sourire à une autre fille, à une outsider. Je pense même que ce sera le cas car sur une course en ligne avec un profil aussi plat, avec un marquage obligatoire entre les filles présélectionnées, ça peut profiter à une autre. En ce qui concerne le chrono, ça se fera à la pédale car c’est tout plat… C’est fait pour des filles qui roulent vite et qui savent emmener du braquet. C’est donc à moi de travailler tout cela maintenant."
N’est ce pas regrettable d’avoir un parcours aussi plat juste avant les JO ?
« Le chrono des JO n’est pas trop difficile donc le parcours de Saint-Amand-les-Eaux s’en rapproche. Maintenant, ce que je regrette c’est que dans une région où il y a pas mal de secteurs pavés on n’en ait pas mis un dans le parcours, histoire de donner un peu de suspens à la course. Je lisais il y a quelques jours qu’en 2013 à Lannilis il y aurait un ribin sur le circuit et ça, c’est génial, ça met un peu de piment à la course. C’est ludique et c’est ce qu’attend un spectateur qui vient voir le championnat de France. Cette année, c’est un peu dommage mais on fera avec."
On évoquait les JO.. Vous y pensez beaucoup ?
"Obligatoirement, oui et ce depuis le début de saison. La sélection ne sera annoncée que le 5 juillet soit 20 jours avant l’échéance. Il faut donc se préparer comme si on n’y allait et aujourd’hui je suis dans l‘optique d’aller aux JO. Je me prépare pour… Maintenant, je n’irai peut-être pas et dans ce cas-là ce sera une grosse déception mais c’est comme ça, c’est le jeu, c’est le sport. Mais il faut tout de même se préparer pour ce rendez-vous si on est retenue."
Vous êtes l’actuelle leader de la Coupe de France, l’une des meilleures Françaises en Coupe du Monde... Il serait donc logique que vous soyez à Londres, non ?
"Disons que pour le moment il y a trois critères pour aller à Londres : avoir fait une bonne place au championnat 2011 à Copenhague, avoir terminé dans les vingt premières d’une manche de Coupe du Monde et après c’est le championnat de France. Pour l’instant, j’ai rempli les deux premiers critères avant le championnat de France mais il y a toujours le point d’interrogation. On ne peut pas savoir à l’avance , je ne peux pas dire. Je sais que certaines ont peut-être déjà leur billet en poche mais pour d'autres c’est plus difficile. On verra le 5 juillet !"
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