Son patron, Emmanuel Hubert, est confiant. Il envisage l’évolution constante de son équipe, dans son organisation, dans son exigence, dans son professionnalisme sans jamais renier ses valeurs humaines qu’il considère comme essentielles. Il sait aussi tout le travail effectué depuis plusieurs semaines et envisage la suite avec confiance.
Emmanuel Hubert, comment envisagez-vous Paris-Nice ?
"L’équipe marche de mieux en mieux, notre objectif Paris-Nice arrive au bon moment. Nos deux leaders Warren Barguil et André Greipel évoluent dans le bon sens et c’est un bon présage pour les semaines à venir. Au-delà de la sélection pour le Tour de France, Paris-Nice, nous y sommes invités aussi. Ce n’est pas un dû. Nous devons avoir du respect pour Paris-Nice, cela a toujours été le cas depuis que nous y participons et nous nous devons d’y être performants."
Mais forcément il y a la sélection du Tour en toile de fond ?
"On l’a en tête mais pas tous les jours. Pour avancer, nous sommes tout le temps projetés vers l’avenir. J’essaie d’occulter un peu la sélection du Tour parce qu’on ne peut pas toujours tourner autour. Dans notre démarche, nous ne pouvons occulter l’histoire de l’équipe, l’histoire des personnes qui la composent. André et Warren ont marqué l’histoire du Tour, ils totalisent 13 victoires d’étapes et ça compte."
La sélection pour le Tour est-elle une obsession ?
"C’est notre mission que d’y participer mais ça ne m’empêche pas de dormir. Le travail est fait et il n’y a plus qu’à! Le meilleur moyen de l’obtenir est d’arriver au départ de Paris-Nice le couteau entre les dents, d’essayer d’être dans la performance. Quand je regarde la carte de l’épreuve, je sais que chaque étape peut nous convenir sauf peut-être le contre-la-montre. Warren est très motivé par le classement général mais pour lui, on va d’abord se focaliser sur des étapes. Le reste viendra naturellement. André a aussi un terrain de jeu pour lui pendant les trois premiers jours. Nous avons sélectionné Bram Welten pour le placer au mieux avant le sprint."
Longtemps votre équipe a su créer des surprises mais dans le cyclisme actuel, c’est devenu très compliqué ?
"De plus en plus l’équipe Arkéa-Samsic est attendue et regardée. Aujourd’hui, nous avons des coureurs charismatiques et on se doit d’avoir des résultats. Nous mettons la pression sur les coureurs pour qu’ils fassent à 100% leur métier de coureur et pour nous propulser au plus haut dans la hiérarchie. On leur apporte les moyens techniques, ils ont les moyens physiques et petit à petit nous devons assujettir la performance aux moyens mis en place. Nous avons progressé sur le plan du matériel et sur celui de la périphérie médicale, notamment en terme de récupération. Les coureurs y sont sensibles et je constate d’ailleurs avec satisfaction qu’eux-mêmes proposent des solutions. Je suis ravi quand un coureur me dit faire un stage à ses frais ou acheter du matériel pour récupérer mieux. Quand j’entends qu’Anthony Delaplace part 10 jours avec sa famille sur la Côte d’Azur pour travailler, ça me rassure. Nous sommes en train d’investir pour être meilleurs. Nos messages passent bien."
Cela signifie-t-il que l’équipe Arkéa-Samsic évolue beaucoup ?
"Les coureurs sont investis dans leur mission. Je l’ai dit, nos messages passent bien et ils entendent ce qu’on leur dit. Dans la durée, cet investissement de tous les jours entre dans les moeurs. Je dois préciser qu’au niveau du personnel, et c’est très important, les employés, les mécanos, les masseurs, les kinés, le staff sont très impliqués. Je crois beaucoup en la pérennité de mon équipe parce qu’il y a un noyau dur, fiable et stable."
Il est un fait que l’ambiance doit y être bonne puisque les coureurs, Anthony Delaplace, Benoît Jarrier, Florian Vachon, d’autres encore, y font carrière ?
"La maison est saine. Il y a deux façons de voir les choses. Les gars s’y sentent bien et ne veulent pas aller ailleurs. Ils s’y sentent bien et investissent pour que la maison soit plus belle comme si c’était chez eux. Si tu ne te sens pas bien, tu finis par t’en aller mais je constate que des coureurs reçoivent des propositions intéressantes mais restent chez nous. Ils y trouvent leur compte."
Chaque année, on comprend que le niveau des coureurs est de plus en plus haut, de plus en plus serré aussi et qu’il est très difficile de gagner des courses ?
"Le cyclisme a toujours été très dur mais il est de plus en plus exigeant. Les coureurs sont tirés vers le haut. Il y a quelques années, à Liège-Bastogne-Liège, il y avait 70 mecs à l’arrivée, aujourd’hui ils sont 150 et sur quinze minutes. Le niveau est très élevé. Pour finir entre la dixième et la cinquantième place, c’est du très haut niveau. Il est de plus en plus difficile de performer et de gagner mais c’est aussi de plus en plus intéressant parce que nous élevons notre niveau d’exigence."
A-t-il été difficile d’effacer une année 2018 compliquée ?
"J’insuffle de l’optimisme ! Oui 2018 a été compliquée, bien sûr il y a eu des coups de gueule et même plus que ça mais on ne pouvait pas non plus ressasser le mauvais sans cesse et répéter ‘’on est mal’’. Il a fallu relever la tête et se sentir bien. Nous sommes dans un milieu utilisant une machine avec deux roues et elles finissent toujours pas tourner dans le bon sens. Dans la vie il n’y a pas que des moments fastes et victorieux. C’est toujours comme ça mais on reste jovial. Nous avons compris que la bascule vers le meilleur peut prendre du temps mais on a mis les atouts de notre côté et ça finira par payer. Il y a aussi des choses plus graves dans la vie. Un coureur qui se casse un poignet ou une jambe, c’est plus grave que de comprendre pourquoi on ne gagne pas. Il y a toujours une sortie du tunnel et une solution."
L’équipe Arkéa-Samsic envisage d’être candidate au World Tour. As-vous fixé une date pour prendre une décision ?
"Il nous faut des résultats. Mes partenaires connaissent mes ambitions mais il faut aussi apporter de l’eau à leur moulin. Des résultats créent l’émulation. Je compte sur Paris-Nice et Liège-Bastogne-Liège pour créer une dynamique et pour aller plus haut. Je prendrai ma décision avant le départ du Tour de France mais je ne suis pas le seul décideur. J’ai toujours eu beaucoup d’ambition en montant marche après marche. En faisant progresser l’équipe chaque année. En interne, on bosse dur pour faire la décision mais après cela il y a aussi des contraintes de règlement. Avoir 15 ou 20 millions d’euros ne te permet pas de claquer des doigts et de dire ‘’je suis dans le World Tour’’. Il y a aussi la nécessité qu’une équipe actuelle en sorte, il y a une forte concurrence… Je travaille pour mais il nous faut des résultats pour convaincre les partenaires. Ils les attendent et c’est normal."
Quel sera votre rôle sur Paris-Nice ?
"Je suis en éclaireur dans les premières étapes, en liaison avec les directeurs sportifs. Je ne suis plus dans la voiture derrière le peloton et j’assure le relationnel avec le public et les médias, je m’occupe du staff et de l’entreprise. Il y a 60 employés et j’aime ça. Aujourd’hui, je sais aussi que je suis bien entouré."
Pour finir, que serait un Paris-Nice réussi ?
"Une victoire d’étape et puis un Top 10 au général pour Warren Barguil."
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