Alessandro Malaguti : « 3 jours de course dans les jambes ! »
Publié le 30/03/2013
Tremblotant, transi par le froid, perclus de crampes, en larmes, Alessandro Malaguti na pas attendu que lui soit posée la première question après avoir rendu le téléphone qui lui a permis dentendre, quelques minutes après son succès dans la Route Adélie, le manager de sa nouvelle équipe, Androni-Venezuela. Il a entamé ce monologue :
« Je ne sais pas ce qu’il m’arrive. Je n’ai jamais été rapide et je succède à Roberto Ferrari. Les autres coureurs étaient tous cuits. Dans le dernier kilomètre, j’ai remarqué qu’ils étaient plantés. Après avoir passé le dernier virage en sixième ou septième position, j’ai anticipé le sprint. J’ai juste donné un coup d’accélérateur dans le but de créer un trou pour mon coéquipier, Omar Bertazzo. Je ne pensais pas créer une telle différence.
Dans la montée finale, je me suis retourné trois fois, pour me rendre compte que j’allais gagner. Je ne suis pas explosif. Je suis parti de loin et j’y ai cru jusqu’à la fin. En franchissant la ligne, j’ai pensé à ma mère qui est décédée il y a un mois et j’ai pleuré. Excusez-moi, je pleure encore. Ma chance, aujourd’hui, ça a été la pluie. Il y a dans le peloton beaucoup de gens ignorants de la technique du cyclisme quand il pleut comme ça. Quand on souffre tous, moi je souffre moins que les autres. Ça vient de mon histoire de coureur qui n’a pas été facile. J’ai peu couru. Je suis passé pro dans l’équipe Aurum Hotels qui a vite cessé son activité.
J’ai signé dans l’équipe Miche qui n’a même pas démarré la saison dernière. Je n’ai pas le parcours normal d’un coureur professionnel. J’ai galéré. Et là, à l’Androni, j’ai reçu la confiance de Gianni Savio et j’ai trouvé un staff incroyable. C’est grâce à eux, à l’entraîneur, aux masseurs, aux mécaniciens, aux gens du bureau, que j’ai pu me présenter ici en étant compétitif alors que je n’avais que trois jours de course dans les jambes : la Classic Loire-Atlantique, où j’ai roulé pendant 60 kilomètres avec mes coéquipiers derrière l’échappée qui n’aurait pas été revue sans nous, Cholet-Pays de Loire et l’Eroica (Strade bianche), où j’ai crevé à 25 km de l’arrivée, mais bon, je n’avais pas encore le niveau pour y jouer la gagne.
J’ai une pensée pour la « confrérie des passés », qui regroupe une fois l’an tous les cyclistes de ma terre, la Romagne, qui sont passés pros. Certains d’entre eux ont couru avec Marco Pantani. Les Romagnols, nous sommes une espèce spéciale. »
Puis le froid a mis fin à ce monologue car les dents de l’Italien claquaient trop fort pour qu’il puisse en dire plus malgré l’envie de raconter sa vie…